Rose des vents le bealle

Les sablons

Autrefois, ce terme générique qualifiait différentes particules allant du simple caillou à la concrétion dans l'organisme en passant par la limaille, il a persisté sur l'ensemble du territoire français pour en désigner certains anciens fiefs situés dans des zones sédimentaires très (très) anciennes de plaines océaniques et volcaniques.

Sabulo versus arena

Origines

L'environnement plutôt extrême dans lequel se concentrent généralement l'arène et le sable, est lié à la formation de notre planète, à son intense et primitive activité volcanique et à l'océan qu'elle a généré. Les roches magmatiques qui composent l'écorce terrestre sont pour l'essentiel basaltiques et granitiques (Eg : Obsidienne, diorite, etc.). Lorsque les mouvements tectoniques font émerger nos plus anciens massifs des profondeurs océaniques ce ne sont donc pour l'essentiel que granites, plages superficielles de roches désagrégées et basaltes.
Dès le précambrien les premiers organismes qui se sont développés en milieu aquatique ont également contribué à enrichir l'érosion naturelle de leurs sédiments calcaires (L'atmosphère terrestre ne permettant pas encore leur évolution).
De ces simples éléments sont issus le sable et l'argile.

Le sablon se voit déjà dans l'antiquité différencié de l'arène, les anciens auteurs spéculant à l'envi sur les différences entre ces deux appellations il est bien difficile d'accorder foi à leurs expertises, d'autant plus qu'au fil des siècles le sablon et l'arène se sont substitués l'un à l'autre pour finalement, à partir du XVIe siècle, ne plus être discernés que par les termes sable et arène avec les significations que nous lui connaissons aujourd'hui : le sablon demeure toutefois un sable très fin et l'arène une roche composite.

Passage au crible

Sabulo : Composé d'une multitude de particules de différents minéraux (Eg : Silice.) la seule différence entre le sablon et le sable est la granulométrie (Taille.) obtenue par les mêmes mécaniques de désagrégation de la roche granitique (Vent, eau, composés alcalins et basiques, etc.).
De par leur consistance, les terrains sablonneux sont incultes et peu propices à la construction. Le matériau par contre s'avère essentiel, en fonction de sa pureté il trouve une utilisation quotidienne dans une multitude de procédés mis au point depuis les temps les plus reculés allant du polissage au séchage de l'encre, il s'introduit dans la fabrication de moules de fonderie, la faïence et, bien évidemment, dans les sabliers, l'amendement des terres agricoles et la maçonnerie. Soumis à l'impôt et crié par les rues au même titre que le vin sa commercialisation a autrefois été encadrée rigoureusement puisque sa finesse le rend peu décelable, notamment lorsqu'il s'ajoute frauduleusement au sel, ressource essentielle.

Arena : Pour faire simple, elle se constitue suite à la fracture (Diaclase.) d'une roche granitique. L'eau, ses composés et les particules s'infiltrant dans les interstices altèrent très progressivement certaines parties plus sensibles de la roche (Eg : Talc, kaolinite.) et encore plus lentement les composants plus résistants à cette érosion (Eg : Quartz). Ce mélange érodé d'argile, de silice et de différents sédiments se recycle et se cimente sur place pour former alors un autre type de roche plus friable en élargissant la fissure : l'arène, également appelée sablon calcaire. Ce type de concrétion se rencontre dans les trois principaux environnements où se rencontrent les sables : fossiles, fluviaux et maritimes ; chacun donnant différentes sortes de propriétés au matériau.
Les romains prisaient plus volontiers pour leurs viæ (Routes.) l'arène fossile, pour ses propriétés consolidantes, allant parfois jusqu'à l'utiliser sans chaux ni graviers ; les infrastructures nécessitant un renforcement de leurs stabilité (Eg : Ponts, ports.) étaient de surcroît renforcées par l'ajout à cette boue de briques pilées.
Son application la plus connue est celle des spatia (Esplanades.) dans les cirques qui laisse aujourd'hui au terme " arène " une connotation englobant tout un édifice au même titre que cavea (Partie d'un théâtre ou d'un amphithéâtre réservée aux spectateurs.).

Confusions

Les plus anciens sites d'exploitation ont disparu permettant à une végétation caractéristique de s'y développer notamment par l'enrichissement naturel ou contraint des terres rendant par là la différenciation quasiment impossible sinon dans certaines régions par le terme de " varenne ". Si certains lieux français ont conservé des noms dérivés de sabulo sans aucune équivoque (Eg : Sablé (Sarthe), anciennement Sableil, de Sabuloialum : sablière.), par contre arena a plutôt donné son nom aux lieux où se pratiquaient des jeux et joutes, évoluant parfois par métonymie vers " reine " (Eg : La Fontaine des Reines à Senlis, également appelée Fontaine des Grenouilles (Reinettes.) est bâtie sur les vestiges d'un amphithéâtre !).

Les méthodes agricoles se développant avec l'activité humaine, des cultures particulières se sont mises en place dans certains terrains sablonneux (Fraise, asperge, salsifis, épeautre, etc.) parfois assez tardivement ; ainsi la pomme de terre dont la culture au XVIIIe siècle a amplement été retardée en France par la rumeur de sa toxicité.
L'arène également a trouvé sa compatibilité avec la culture de cépages.
Progressivement, il n'a plus guère été permis de discerner l'origine des sites que par l'appellation des parcelles puisque la qualité de la plupart des terrains s'est sensiblement uniformisée, permettant d'en modifier l'agriculture et la constructibilité.

Sources :

Französisches Etymologisches Wörterbuch - Walther von Wartburg
Histoire des grands chemins de l'empire romain, contenant l'origine, progrès & étenduë quasi incroyable des chemins militaires, pavez depuis la ville de Rome jusques aux extremitez de son empire. Où se voit la grandeur & la puissance incomparable des romains ; ensemble l'éclaircissement de l'itinéraire d'Antonin & de la carte de Peutinger - Nicolas BERGIER
Les noms de lieu de la France, leur origine, leurs transformations - Auguste LONGNON
Minéralogie ou description générale des substances du règne minéral - Jean GOTSCHALK WALLERIUS

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