Rose des vents le bealle

La Folie, lieu-dit.

Ce toponyme dont l'origine a de tout temps été controversée du fait de son ancienneté a évolué vers le XVIIIe [18e] siècle pour désigner une grande et coûteuse habitation mais certains champs portent ce nom dont les parcelles ne semblent receler aucun vestige d'habitation. Chacun a exposé ses propres théories savantes sur son étymologie et je propose ce jour de revenir succinctement sur sa construction.

Pour un mal de tête à en tourner fol

Dans leur construction, les mots se développent pour permettre de différencier une perception environnementale. Les consonnes à la prononciation plus élaborée entrent en jeu qui peuvent se substituer les unes aux autres en fonction des peuplades. La graphie d'une lettre s'est élaborée à partir d'anciennes écritures qui représentent un élément particulier d'importance mais dans son expression orale un s pouvait par exemple être perçu comme un c, g ou même un t, et le b comme un f, p, v ou m en fonction du parler local, introduisant alors des notions qui leur sont propres.

S : le relief B : la portion V : le canal
Sol Bol Vol
La forme ronde ol est augmentée en sol lorsque l'individu primitif constate la structure de son propre espace plan, ferme et circulaire d'évolution.
Ce terme se retrouve dans le sol, la solidité, la solitude, la solive.
nb. Le soleil est issu de sul.

Quand la forme ronde ol devient bol, elle connote plus un volume poreux, ouvert, morcelable, malléable.
Le bolus latin et le bólos grec étaient des filets de pêche ; le bôlos grec, une motte de terre ; le bolos copte, un bouclier ; le bol françois était une sorte de grosse pilule sécable dont le terme a été conservé en médecine. L'argile ocre rouge est également appelée bol.

Quand la forme ronde ol devient vol, sa matière est contenue par un vaisseau quelconque mais connote un milieu aqueux. La prononciation du v s'est transcrite f sous nos latitudes.

Fol

Bol exprimait toutes sortes d'éléments différents conservant une forte connotation de rondeur qui ont par la suite donné bolg (Tonneau en breton.), bollog (Tête en irlandais.), bollo (Bosse en espagnol.), bollando (Bossu franc-comtois.). Vol et bol ont pris le même sens parce que la considération des populations était différente, par exemple dans un contexte d'enfantement : le b évoque la partie d'un tout (Bébé) et le v le réceptacle d'un tout (Ventre) mais ces considérations s'appliquent également à des éléments plus immatériels comme la souplesse, l'opacité dont foll (Voile ou manquement en celtique.) est le parfait exemple qui, par le latin, confondra la folie et la feuille. Le gallois wol (Tête) considère par sa structure le v comme le contenant et o comme le contenu en l'occurrence un crâne et son cerveau.

Les racines celtiques, grecques et latines de folie et de feuille se divisent à ce niveau.

  Celtique Grec Latin
Folie Foll Manía Follis (Sac en peau.)
Feuille Del (Portion.) Fillo Folium
Amour   Filo  

 

Dans la chronologie connue actuellement, deux siècles avant notre ère seuls les mots latins folliculus (Follicule : Enveloppe d'une graine.) et follis (Grosse balle d'entraînement militaire.) sont signifiés par les anciens auteurs.
Cent ans plus tard follis devient également une poche d'air (Soufflet.) et apparaît folium (Feuille.).
Au IIIe [3ème] siècle après J-C le follis est une monnaie romaine puis une bourse.

En France, de nombreux termes ont cette racine : fol (Instrument de musique), follain (Cocon de ver à soie.), folle (Houle, filet, foulard, cépage, arroche.), follier (Bateau de pêche.), follette (Epidémie mondiale au XVIIIe [18ème] siècle.), folie (Petite mesure de vin, flacon.), etc. dont deux retiennent particulièrement l'attention puisque la folie qualifiait un lieu sauvage, sans culture, ainsi qu'un lieu où se pratiquait la chasse, et plus particulièrement celle de la bécasse que l'on attrappait par follastrerie aux XVIe [16ème] et XVIIe [17ème] siècles :

« Il y a encor une autre maniëre de la prendre, qui de nom Françoys est nommee la Follastrerië & d'autant que c'est moult plaisante maniëre, l'avons bien voulu escrire. Il faut que celuy, qui prendra les Beccasses, soit couvert d'un manteau de drap, ou toile de tanné ; sçavoir est de la couleur des fueilles de bois, qui sont fauves, & ait moufles de mesme, & un si grand chapeau qu'il couvre la face & les espaules, ou il y ait deux troux par ou il puisse voir. Aussi tiendra deux petits bastons en ses mains en forelles, couvertes de drap de mesme couleur. Et faut que les bouts des deux bastons soyent couverts de drap rouge à la longueur d'un poulce ; & aussi que celuy qui veut approcher de la Beccasse soit appuyé sur deux potences, allant bien à loisir, & quand la Beccasse l'aura bien apprins, il faut qu'il s'arreste : & lors qu'elle commencera à errer, adonc faut qu'il la poursuyve, & qu'il porte une verge à sa ceinture, ou il y ait un lasset de soye de cheval attaché au bout, & qu'il poursuyve ladicte Beccasse iusques à ce qu'il la voirra s'arrester sans avoir la teste levee : alors frappera les deux bastons l'un contre l'autre moult bellement, & la Beccasse s'y amusera, & affolera, tellement que celuy qui la poursuit, pourra l'approcher de si pres, qu'il luy mettra le lasset, qui est au bout de sa verge, dedens le col : car c'est l'un des oyseaux, qu'on cognoisse, qui est le plus sot, & niais, & aussi comme dit Aristote, qui aime mieux l'homme.»

Sources :

Dicolatin.com
Dictionnaire grec-françois - Joseph PLANCHE
Französisches Etymologisches Wörterbuch - Walther von Wartburg
L'histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs portraicts retirez du naturel - Pierre BELON du Mans.
Mémoires sur la langue celtique - Jean-Baptiste BULLET

sol éminence fief chasse