Rose des vents le bealle

Les HOUCHES, lieu-dit.

Au premier abord cette appellation évoque un lieu de vie bien irrigué, mais qu'en est-il en absence de cette précieuse ressource, voire d'habitation ?

De l'antiquité à nos jours en passant par le bas latin

En mettant en parallèle les termes bouche, couche et souche qui renvoient toutes à un relief différent, l'ouche apparaît comme un environnement sans autre particularité que celle définie par sa première sonorité [u] qui peut trouver ses origines dans différentes prononciations de [o] ou [y] et donc varier sans limite ses significations.
Si l'on s'en réfère à la représentation d'un canal avec la forme des lettres u, v, w, y, d'abondance avec les lettres a et o, on peut en déduire que la richesse du sol est soit due naturellement à la proximité d'un cours d'eau, soit à la présence d'humus ; le c image un contenant qui peut-être assimilé à g dont la forme évoque l'outil dont par exemple :

Ancien gallois Première lettre Deuxième lettre Troisième lettre Représentation Sens ancien gallois
au a = abondance u v w y = canal   Courant Eau, rivière, trace, herbe, vert, avidité.
auc a = abondance u v w y = canal c = abri Refuge bien irrigué Région, pays, habitation.
aug a = abondance u v w y = canal g = outil Lieu de travail bien irrigué Île.


L'ancien allemand, pour sa part considère au, av, et aw comme une prairie dont la verdoyante particularité se retrouve aussi dans le hoeg gallois.

L'ouche est donc un pré particulièrement propice à la sédentarisation et laisse entendre que son exploitation permet à son propriétaire une autonomie non négligeable dont la particularité a également trouvé son sens de croissance, d'augmentation avec l'ancien gallois uch : supérieur qui permet d'introduire ou non la lettre h pour en appuyer le degré d'élévation selon sa position dans le mot.

Mais, comme tout n'est pas si simple, cette théorie est aussi à rapprocher de l'ancien grec οξεα qui était tout comme le le och celtique et le huc françois une interjection, un cri (L'ancien françois huc a pris la signification de cri qui nous laisse entre autres le verbe huer ou le huchet : réservoir et, par extension, huchier : fabricant de coffres.)
La racine grecque ox a servi à la construction de différents mots évoluant autour de la perception qu'en avait cette population. Le o qui s'est assimilé à au, outre l'abondance, est à relier à une représentation de l'œil, à un ensemble de ce qui est perceptible, associé avec la précision (x), il s'agit d'une pointe qui s'introduit dans beaucoup de termes grecs allant de la stridence d'un cri, l'aigreur d'un lait, l'acidité d'un vinaigre, la piqûre d'un dard, la finesse d'un sens à la forme d'un sapin. La pointe ox donne donc οξινα : herse, dans lequel on retrouve l'ancien gallois og : herse qui donnent avec le même sens l'occa latin ; l'ancien hébreu aug qualifiait pour sa part le tranchant d'une lame.

Mais olca, et non occa, est donné par Du Cange pour être la racine " latine " d'ouche.
Le latin ayant beaucoup évolué au cours du temps il s'agirait d'une assimilation d'occa avec le grec ολχος (olkhos) : sillon (La herse s'en avérant indissociable.).
Ce quartier de terre olca se retrouve aussi dans la région sud ouest : media olca (Médoc), dont la bande marécageuse a été asséchée et évoque une terre fertile divisée, séparée (En îlots, du continent.).
Toutes ces informations pointent donc vers une qualité de limon et de lœss, selon le relief où se situe la parcelle concernée.

Les terrains Ouche, Osche, Oulches, Oucherotte, Ouchette, Oucque, Oyche, Houche, Houcheloup, Hoche, Leffrinkhouke, Holque, etc. se verraient donc normalement distingués par l'absence ou la présence de clôture selon qu'ils commencent ou non par la lettre h mais le temps passant il devient difficile d'en avérer la véracité puisque le pied'houche (Piedestal de statuette) se trouve aussi orthographié piédouche.

Sources :
Glossarium mediæ et infimæ latinitatis - Du Cange
Histoire complète de Bordeaux - Patrice-John O'Reilly
La Revue Savoisienne
Les noms de lieu de la France leur origine, leur signification, leurs transformations - Auguste LONGNON
Mémoires sur la langue celtique - Jean-Baptiste BULLET
Origine et formation des noms de lieu - Hippolyte COCHERIS
Revue historique et archéologique du Maine

éminence sol