Rose des vents le bealle

La CHEVÉE, lieu-dit.

Ce terme est tiré de chave dont l'ancien françois a fait un chemin, mais quelles particularités pouvaient bien en discerner les appellations ?

Bases phonétiques

Les premières écritures sont à l'origine une représentation graphique de contextes déterminants. La première lettre d'un mot donne le sens sur lequel s'appliqueront ceux des lettres suivantes.
Le c est une forme dont l'ouverture reproduit basiquement un contenant ; le h dans sa représentation primitive d'échelle équivaut à une notion de niveau et par là à un mouvement.
Les premiers alphabets ne contenant pas de voyelles, chv correspondait donc à une forme creuse (c) dont l'échelle (h) est en rapport avec le liquide (u, v). En l'état le contexte peut donner une foule de résultats qui vont par exemple laisser l'ancien françois chuite : bol mesureur ou chupeur : grand buveur, etc. dont le sens évoque un déversement abondant.

Cave, chave et rave

Si cave, chave et rave, sont différents dans leur signification il n'en demeure pas moins qu'ils ont tous la même origine : un creux et l'eau. Qu'il s'agisse d'une grotte ou d'un ravin, un afflux d'eau peut ponctuellement s'y trouver.
L'absence de h dans le mot cave induit une submersibilité, puisque cette lettre fait très souvent référence à une position au dessus du niveau de l'eau dans les toponymes ; sa présence dans Chavée et Chevée, implique une altitude et il s'agit alors d'un petit affluent périodique par temps de pluie situé sur le flanc d'une colline dont l'érosion évoque un sentier par temps sec. Cette notion d'élévation est reprise dans le latin cavea : gradins d'amphithéâtre qui porte une confusion sur le terme cave qui peut de ce fait être une caverne ou un ancien lieu de divertissement romain.
Les origines des cave, chave et dérivés sont issues des lettres primitives qui évoquent toutes une forme creusée naturellement ou artificiellement : gimel (représentation de la poche qui stocke), sade (représentation du harpon qui fait des trous) ou kaf (représentation du creux de la main qui recueille) dont les prononciations se sont entremêlées avec les siècles pour donner essentiellement nos g, c, ch, k, s et x.

Le h " guttural " [ħ] prend dans plusieurs langues une prononciation prédominante, qui va même jusqu'à éluder la prononciation de la première lettre lorsqu'il est situé en début de mot ; selon Georges DOTTIN, la lettre g pourrait dans certains cas être celle d'origine par le gaulois. Ce h évoque approximativement notre prononciation [r] en transcription qui nous laisse généralement en français une connotation d'augmentation ou de conséquence et dont l'archaïque res phénicien faisait une éminence ; le h (Progression.) et le r (Sommet.) se sont donc un peu mêlés dans leur perception. Certains transcripteurs n'ont de plus pas hésité à appuyer le r d'un h pour en appuyer la prononciation des populations celtes qui voyaient pas exemple en rhat le chemin et la course ou dans rheda le char gaulois dont par exemple il reste route en français ou road en anglais.

Infuence h Influence r
Eau Erosion
ravah : arroser (Ancien arabe, chaldéen et hébreu). ravend : sentier (Ancien breton).

- ravace : ravine, inondation, débordement, torrent, ce que les eaux entraînent avec elles (Ancien françois).
- ravage : courant impétueux ; impôt (Ancien françois).
- rave : débordement, inondation (Ancien françois).
- ravine : pluie torrentielle (Ancien françois) ; torrent (Vendéen).

- ravin : lieu, chemin creusé profondément par les eaux.
- ravine : petit ravin creusé par un torrent.
- ravine de terre : avalanche (Ancien françois).
- reve : violent (Ancien françois) ; impôt (Ancien françois).

- ravelin : fortification (Ancien françois) ; port.
arrabè : couloir pour faire glisser les troncs d'arbre depuis le sommet d'une montagne ; digue pour arrêter de poisson (Langues pyrénéennes).

Sources :

Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle : composé d'après le dépouillement de tous les plus importants documents manuscrits ou imprimés qui se trouvent dans les grandes bibliothèques de la France et de l'Europe et dans les principales archives départementales municipales hospitalières ou privées - Frédéric GODEFROY
Französisches etymologisches Wörterbuch - Walther Von WARTBURG
Grammaire égyptienne, ou Principes généraux de l'écriture sacrée égyptienne appliquée à la représentation de la langue parlée - Jean-François CHAMPOLLION
La langue gauloise, grammaire textes et glossaire - Georges DOTTIN
Les origines indo-européennes ou les aryas primitifs - Adolphe PICTET
Mémoires sur la langue celtique - Jean-Baptiste BULLET

sol dépression éminence