SAINT Fiacre

Le village

 

Dans la Brie Champenoise, cette paroisse est à deux lieues de la grande route de Paris à Strasbourg, une et demie de la rivière de Marne.

Ancienne seigneurie de la châtellenie de Meaux.

Toponymie

Breuil, Brolium (nd.), Monasterium quod dicitur Breilum, tribus distans millibus ab urbe Meldis (XIe [11e] siècle), Sanctus Fiacrius (nd.), Prioratus Sancti Fiacrii in Brya (1094), Sanctus Fyacrius (v. 1250), Seinefiacre (1275).

CIRCONSCRIPTION
  • Parlement : Paris.
  • Intendance : Paris.
  • Subdélégation : Meaux.
  • Coutume : Meaux.
  • Bailliage : Meaux. Justice seigneuriale. Les premières causes à Saint Fiacre, les appels à Meaux.
  • Grenier à sel : Meaux.
  • Maîtrise des eaux et forêts : Crecy.
  • Décimateurs : Les religieux de Saint Faron.
  • Diocèse : Meaux.
  • Archidiaconé de Brie.
  • Doyenné : Coulommiers.
  • Conférence : Coulommiers.
  • Collateur : L'abbé de Saint Faron.
Dames, seigneurs
  •  
  • Les religieux de Saint Faron.

 

PRODUCTIONS : Grains, vins.

DÉMOGRAPHIE
PÉRIODE FEUX HABITANTS
1709 66  
1726   212
¾ XVIIIe [18e] 70  
XIXe [19e]   332

La cure

Fefre, ermite irlandais du VIIe [7e] siècle, est regardé comme le fondateur de ce village ; son nom a été converti en celui de Fiacre. D'origine royale, il est élevé par Saint Conan évêque de Sadorre puis arrive en France auprès de Saint Faron évêque de Meaux qui lui donne la terre de Breuil, dans les environs de sa terre épiscopale. Le prince anachorète y vit du travail de ses mains, et se construit un oratoire qui accueille les hommes étrangers. Il soigne les malades, et guérit un grand nombre d'infirmités. Les femmes, exclues de l'ermitage, adressent leurs vœux du dehors et n'en dépassent pas le seuil ; cette règle aurait été imitée de celle de Saint Colomban et/ou tirée d'une légende :
« Saint-Fiacre étoit fort à l'étroit dans sa solitude, ensorte que dans certains temps où les hôtes lui survenoient en plus grand nombre que de coutume, il ne pouvoit ni les nourrir, ni les loger tous. Saint-Faron à qui il fit part de sa peine, lui accorda, dans la forêt voisine, tout le terrain qu'il pourroit défricher et environner de fossés pendant vingt-quatre heures. Sur cette parole, le saint part : il trace sur la terre, avec sa bêche, l'enceinte qu'il se propose de joindre à son ermitage. A mesure qu'il avançoit, les arbres tombaient de part et d'autre ; et le fossé se creusoit lui-même. Il y avoit là, par hasard, une femme à qui le même peuple a donné le surnom de Becnande, mot injurieux qui est encore en usage dans quelques provinces de la France. Etonnée de ce prodige dont elle ne connoissoit pas la cause, elle chargea le saint d'opprobres, et courut l'accuser de magie et de sortilége devant Saint-Faron qui retournoit à Meaux. Le saint évêque revient aussitôt sur ses pas : Fiacre livré à la tristesse, abandonne son ouvrage, et s'assied sur une pierre qui se trouvoit auprès de lui : La pierre s'amollit comme la cire et reçoit l'empreinte de son corps. Ce second miracle auquel il ne s'attendoit pas lui-même, fait éclater son innocence. Saint-Faron en glorifie le seigneur ; et l'injuste accusatrice est confondue. On conserve depuis plusieurs siècles, dans le monastère de Saint-Fiacre, une grosse pierre de figure ronde et creusée vers le centre de sa surface : elle est placée à main gauche en entrant dans la nef de l'église, qui porte, aujourd'hui, son nom, quoique sous l'invocation de la Sainte-Vierge ; et, pour la commodité des pélerins, aussi bien que pour la décence, on l'a posée sur une espèce de socle ou de piedestal de mastic ou de pierre brute. Ceux qui sont affligés des hémorroïdes vont s'y asseoir avec modestie, sans se dévêtir ni relever leurs habits, et je sais de manière à n'en pouvoir douter, que plusieurs personnes, hommes et femmes, y ont trouvé une entière et parfaite guérison.»
Décédé en 670, son ermitage est le lieu de sa sépulture, donné aux moines de Saint-Faron, l'ermitage en devient au XIVe [14e] siècle une communauté détachée.
L'affluence des pélerins développe peu à peu le village tout autour. Parmi les pélerins et bienfaiteurs illustres de l'église de Saint-Fiacre : Louis XI [11] qui a fait fabriquer une châsse destinée à contenir les ossements de Saint-Fiacre et, au XVIIe [17e] siècle, la reine Anne d'Autriche, mère de Louis le Grand, pour donner un successeur au trône.

Pendant les troubles religieux, le monastère a presque entièrement été détruit et ses occupants n'ont pu sauver que la châsse et les quelques ossements qu'elle contenait. Les moines confient alors les reliques à l'église cathédrale de Meaux pour en assurer la protection qui les a par la suite conservées. Le prieuré conventuel de bénédictins de la congrégation de Saint-Maur est éteint.

Le monastère restauré et réformé à la pacification, a de nouveau été de détruit à la révolution de 1789. Ce qui en reste forme une maison de campagne. Le tombeau a été transféré dans l'église paroissiale.

PATRONS : Jean-Baptiste (Eglise), La Sainte Vierge et Saint Fiacre (Prieuré).

FÊTE : 30 août (Saint Fiacre). Un pélerinage le jour de la Trinité et le 30 août.

CURÉS : Richard COSTRU | TRAVERS | Dominique RICLOT | Honoré ARNOUS 1652- | Jacques SIBOURD 1669-1704+ | RANGEARD 1705-1707 | Joseph POUGET 1707-1714+ | Jean OSTANCE 1714-1721 | Roland VERDUN 1721-1728 | J.-Nicolas BRAILLE 1729-1760 | CAMUS 1761-1767 | Jean-Baptiste LE CLERC 1768-1774+ | François BOISTE 1774-1774+ | LAMBERT 1775-1791 | LOUDIER 1791-

Lieux-dits de SAINT Fiacre

  • TemplierDieu l'Amant, — Dieulament (1247), — Dieulamand, Meldensis dyocesis (1277), — La ferme et commanderie de Dieu l'Amant, en l'étendue des territoires de Saint-Fiacre et de Lagny le Sec (1782), commanderie dont la chapelle est dédiée à Saint-Avit ou Saint Avoi. L'ancien établissement de l'Hôpital paraît avoir été autrefois d'une assez grande importance.
    Plusieurs sentences du bailli de Meaux, des années 1336 et 1351 y maintiennent et confirment les droits de voierie et de haute, moyenne et basse justice qui ne comprennent plus en 1664 qu'une maison seigneuriale avec chapelle, bâtiments d'exploitation, et 300 arpents de terre affermés alors 1600 livres.
    La ferme appartient v. 1841 à MM. Belle et Lhoste.
    Une ordonnance royale du 1er octobre 1833 a transféré cette localité de Saint Fiacre à Villemareuil.
  • Ecorchebœuf, ancien étang desséché.
  • Grimois, lieu-dit.
  • La Bécassière, ancien étang desséché.
  • La Blondie, — Plusieurs masures audit Saint Fiacre, au lieu dit la Blondye (1621), maison détruite.
  • La Chardonnerie, — La Chardonnerye (1621), lieu-dit.
  • La Guigneresse (1621), ancien lieu-dit.
  • La Roue, — Le lieu assis audit Saint Fiacre appellé d'ancienneté l'hostel de la Roue (1621), maison détruite.
  • La Tour du Conseil, — Le fief de la Tour du Conseil près Saint Fiacre (1776), ancien fief.
  • Le Barillet, — Un corps de logis couvert de thuilles appellé d'ancienneté le Barillet (1621), maison détruite.
  • Le Moulinet, — L'hostel du Moulinet, la maison du Moulinet (1621), maison détruite.
  • Le Ru des Cygnes, affluent du Grand Morin, qui arrose les territoires des paroisses de Boutigny et de Saint Fiacre.
  • Les Choffats, lieu-dit.
  • Les Jugueuses, fontaine.
  • Le vivier de la Planche (1326), ancien lieu-dit.
  • Tancrou
    • La Cloche, — Le fief de la Cloche, paroisse de Tancrou (1674), ancien fief avec justice, lieu-dit et ferme dépendant au XVe [15e] siècle du couvent de Saint Fiacre. Il doit son nom à Adam de la Cloche, cinquième du nom, abbé de Saint Faron à Meaux en 1299 puis prieur de Saint Fiacre jusqu'à son décès en 1321.
      • Hauteville. (Voyez La Touche)
      • La Touche, — La Touche ou Hautefeuille (1691), ancien fief. (Voyez Le Chef)
      • Le Chef, — Le fief du Chef dict Haulte Feulle assis à Tancro (v. 1540), — Le Chep (1835), ancien fief, écart.
      • Saint Fiacre (1835), ferme qui appartient v. 1841 à M. Desperriers.
  • Villebion, — Au lieu qu'on appelle Villebyon (1512), lieu-dit.
  • Villemareuil a été détaché de Saint Fiacre, et érigé en paroisse sous Jean de Buz (XVIe [16e] siècle) évêque de Meaux.

Moulin de SAINT Fiacre

  • Le Moulin Banal (1621), moulin détruit.

Faits-divers de SAINT Fiacre

1620-1624 - Prieuré et seigneurie de Saint-Fiacre. — Censives. Terrier des seigneuries de Saint-Fiacre et de Tancrou, dressé en vertu des Lettres patentes obenues en la chancellerie du Palais, à Paris, par M. Pierre Bènard, prieur commendataire et seigneur spirituel et temporel desdits lieux. Censitaires de Saint-Fiacre : Massé Bourgouin, manouvrier ; — Jullien Pouldrier, vigneron à Bobery, paroisse de Boutigny ; — Guillaume Baret, tisserand à Saint-Fiacre ; — Jean Lefebure, tailleur d'habits au même lieu ; — Jean Leloup, laboureur à Vincelle, paroisse de Boutigny ; — Jean Goussard, boucher à Saint-Fiacre, « pour une maison, logis, granges, estables couvertes de thuilles ; courtz, jardins, le lieu comme il se comporte, assis audit Saint-Fiacre, en la rue de Paris, appellé d'ancienneté l'Hostel de la Roue, et de présent divisé en deux hostelz appelez : L'Ours et les Quatre fils Aymon » ; — messire Thomas Travers, curé de Saint-Fiacre ; — maître Charles Feret, contrôleur ordinaire de la maison de Mgr le prince de Condé ; — Geneviève Duclerc, veuve de maître Jacques Jolimois, vivant lieutenant en la justice et prévôté de Saint-Fiacre ; — « Pierre Loysel, maître orphèvre demeurant à Meaux » ; — Claude de Normandin, écuyer, sieur de La Grille, pour 4 travées de bas logis sises à Saint-Fiacre, « montée hors-œuvres sur laquelle il y a un vollet à boujottes » ; — Nicolas Chabouillé fils et héritier, par bénéfice d'inventaire, de défunt maître Gilbert Chabouillé, demeurant à… — Etienne Cimetière, maître chirurgien ordinaire de M. le prince de Condé, demeurant à Paris, pour une maison manable et logeable, sise au faubourg Saint-Fiacre, appelée l'Image Saint-Pharon, etc. — Feuillet 153, Tancrou. Censitaires : Jesson Mortier, marchand à La Trousse, en son nom et à cause de Catherine Henry, sa femme, avant veuve de Jean Rochefort ; — Louis Bacouet, pêcheur à Tancrou ; — Simon Marteau, maçon à Sammeron ; — Pierre Thibault, laboureur à Mary, pour une maison sise en ce lieu ; — Claude Queusse, receveur de la terre et seigneurie de Lizy ; — Pierre Guyot, mesureur et arpenteur à Tancrou ; — Louis Luart, laboureur au même lieu en son nom et comme procureur fondé de demoiselle Alise Loysel, femme de Jean Houdichon, sieur Du Pré, exempt des gardes du corps du Roi, et de M. Barnabé Le Vest, sieur de Rocmont, avocat au parlement de Paris, demeurant en cette ville, rue de la Harpe ; — Antoine Vaillant, maître de la poste de La Ferté-au-Col, en son nom et en celui de Jacques Vaillant, son frère, marchand tavernier à Gandelu ; — noble homme maître René Bauldry, commis au contrôle général des postes de France, demeurant à Paris, rue Saint-Jacques ; — Félix Trouet, tisserand en drap à Lizy-sur-Ourcq, à cause de Huberde Marteau, sa femme.

En 1741, suite à l'arrêt du parlement qui pourvoit à la subsistance des pauvres (12-1740), il a été déterminé à Boutigny qu'une distribution quotidienne de pain devrait avoir lieu à hauteur de 51 livres à la charge des seigneurs. Le coût de cette mise en œuvre a été estimée à 1428 livres, sur la base des 3 sous et 4 deniers par livre de pain proposée par Claude VAUTIER, boulanger de Saint Fiacre.

Monographie

Histoire de Saint Fiacre et de son monastère - André-Joseph ANSART