CERFROID

Le prieuré

Aux confins du Valois, de la Brie Champenoise et du Multien, l'établissement religieux est situé à quatre lieues et demie nord est de Meaux et à cinq quarts de lieue sud sud est de la Ferté Milon. Cerfroid est desservi par une ancienne route forestière qui relie la voie flandreuse (Route commerciale entre la Picardie, l'Artois et la Champagne.), ou chemin d'Estrée, qui passe à La Ferté Milon (A la porte de cette ville une auberge du signe de la croix accueille avec une collation les généraux trinitaires se rendant au couvent le quatrième mercredi après Pâques.).

La situation et l'histoire de cette ancienne dépendance de la petite châtellenie puis marquisat de Gandelu est assez compliquée parce que située sur une marche territoriale antique (Ourxois) : les lieux compris dans le territoire de Brumetz (Duché de Château Thierry.) relèvent de la seigneurie de La Ferté Milon (Duché de Valois) et sont possédés par les vicomtes de Meaux et de La Ferté sous Jouarre. Rattaché à l'élection de Crépy en Valois, l'ordre trinitaire et son couvent de Cerfroid sont fondés au XIIe [12e] siècle par Jean de Matha et Felix de Valois suite à une donation du chevalier Roger " Malcusoise " [Malcus, malchus : épée en ancien françois.] ; en effet, Jean de France (Jean de Matha), alors déjà en mission en Orient pour sauver les captifs, aurait contribué à faire libérer ce dernier des prisons d'Alep. Cerfroid est donné en remerciement et cette première acquisition permet, outre d'établir l'ordre avec l'aide de Felix de Valois, d'obtenir d'autres gratifications de différents seigneurs dont Marguerite de Blois (Descendante de Thibaud le Grand comte de Champagne et épouse en premières noces d'Hugues d'Oisy, vicomte de Meaux et de La Ferté sous Jouarre puis du comte de Bourgogne.), cousine de Felix de Valois.
Il existe encore au XIIIe [13e] siècle un certain Garnier de Cerfroid qui fait partie des militaires de Constantinople dans le Rôle de Fiefs de Provins qui laisse penser que le territoire était encore en partie administré par un chevalier à cette période.
Gandelu, qui comprend à l'origine la seigneurie de Brumetz, est érigé en pairie au XIVe [14e] siècle après sa vente par Oudard de Chambly à Philippe Le Bel qui en cède l'administration (Avec Crouy, Tresmes, etc.) à Gauthier de Châtillon avec la charge de connétable de France. La famille de ce dernier contribue également à accroître notablement les biens du prieuré dont la dernière descendante, Jacqueline de Châtillon, vend ses biens en 1397 à Louis de France.
Au fil du temps, une quantité incalculable de donateurs permet la subsistance et le développement assez considérable de l'organisation jusqu'en Asie, permettant le rachat et la libération de nombreuses personnes.

Plan du couvent de cerfroid

Toponymie

Cerfroy-juxta-Wandeluz, diocesis Meldensis (1198), Cervus Frigidus, Cerfroy (1232), Cerfroi (1344), Garnerus de Cerfroi tenet de ipsa in domibus que partiuntur cum ipsa (XIIIe [13e] siècle), Cherfroy, Cherfrey (XIVe [14e] siècle), Safoy (1640), Cerfrois (1689).

CIRCONSCRIPTION
  • Parlement : Paris et Soissons.
  • Intendance : Paris et Soissons.
  • Coutume : Valois.
  • Bailliage : La Ferté Milon.
  • Grenier à sel : La Ferté Milon.
  • Diocèse : Meaux.
  • Archidiaconé de France.
  • Doyenné : Gandelu
  • Conférence :
  • Collateur :
Dames, seigneurs
  • Garnerus de Cerfroi, Hugues (XIIe [12e] siècle).
  • Oudard de Chambly du Pré Mouton (XIVe [14e] siècle).
  • Nicolas de Trumelet, Jean d'Arbitre (XVIe [16e] siècle).
  • Religieux Trinitaires.
  • Mathurins.

 

PRODUCTIONS : Carrière de grès.

FOIRE : Le jour de la Trinité. Elle s'y est déroulé à la porte du couvent jusqu'en 1685, date à laquelle elle a été supprimée par l'évêché pour ses excès troublant le service divin.

DÉMOGRAPHIE
PÉRIODE FEUX HABITANTS
XIIIe [13e] 1 20
½ XVIIIe [18e] 1 6

La cure

LÉGENDE : A la fin du XIIe [12e] siècle, l'ermite Felix de Valois retiré dans le Champ des Ermites aurait rencontré Jean de Mata alors en quête de spiritualité suite à sa vision d'un ange vêtu de blanc avec une croix rouge et bleue sur le ventre enserrant deux prisonniers, le jour même de la célébration de sa première messe. Les anachorètes assistent par la suite aux allées et venues d'un cerf marqué de la même croix rouge et bleue à proximité de l'ermitage. Cette seconde vision leur évoquant une influence divine, les deux ermites se rendent à Rome auprès du pape Innocent III [3] pour l'en informer ; à la suite de quoi, dans sa révélation de Latran, apparaît également à ce dernier l'ange décrit par Jean de Mata. Il réunit alors les deux ermites et leur commande de prendre le même habit de donner à leur ordre le nom de la Saincte Trinité de la Redemption des Captifs. La fontaine du couvent de Cerfroid est un lieu de pélerinage permettant la guérison des enfants atteints de langueur.

Les moines accompagnent les princes durant les croisades, font libérer les chrétiens détenus par les peuples barbares, instruisent les soldats et soignent les malades. Ils sont soumis à des règles très austères qui consistent pour l'essentiel à ne jamais manger de poisson, à ne consommer de la viande que le dimanche à condition qu'il s'agisse d'aumône, à ne voyager qu'à dos de mule et à faire vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Les religieux doivent porter une robe de laine blanche marquée de la croix rouge et bleue, une cucule (Capuchon.), une pelisse (Cape.) et un braya (Pantalon court avec ceinture.), avec lequel ils couchent, sans matelas, sans lit de plume, sans chevet, excepté lorsqu'ils sont souffrants. Ce à quoi s'ajoutent des conditions de discipline rigoureuses pour les jeûnes, les silences, les célébrations, etc.
Chaque maison doit être dirigée par un ministre (Procureur.) et composée de trois clercs et de trois laïcs barbus.

Egalement appellés Mathurins, Frères au Ânes ou Frères Rouges, leur supérieur général est Jean de Mata et le supérieur particulier Felix de Valois. Les dons faits à l'ordre sont employés pour un tiers au rachat des esclaves, pour un autre tiers au soin des malades et le dernier pour l'entretien des couvents.

Au début du XIIIe [13e] siècle, le pape Honorius permet, entre autre, aux religieux de se servir de vraies montures pour effectuer leurs voyages ; un élevage de chevaux, le premier, est alors créé au couvent de Verberie (Oise), également accessible par la voie flandreuse qui passe à proximité (Noël Saint Martin - Villeneuve sur Verberie).

L'église de Cerfroid, qui accueille les reliques présumées de saint Felix de Valois, n'a été finalisée qu'au XIVe [14e] siècle pour être transformée avec les locaux en dépendant à partir du XVIe [16e] siècle, période à laquelle l'ordre est réformé et la cure de Cerfroid distraite de celle de Brumetz, dont elle dépendait jusqu'alors, par le pape Jules III [3]. Peu de temps après la cure de Brumetz est réunie à Cerfroid.

A la moitié du XVIIIe [18e] siècle, les revenus de la cure sont d'environ 6000 livres. Sur les centaines de monastères d'hommes et de femmes du même ordre répartis dans toute l'Europe et en Asie, il n'en reste plus que deux cents. Le couvent et l'église ont été démantelés après la révolution de 1789 et les ornements ont servi aux églises de Brumetz et de Gandelu.

FÊTES : Les fondateurs de l'ordre sont canonisés en 1665 par Alexandre VII [7].

  • 17 décembre puis 8 février (Saint Jean de Matha.).
  • 4 novembre puis 20 novembre (Saint Felix.).

Bienfaisance

Une œuvre permet d'affranchir et d'éduquer les enfants vendus sur les marchés d'Orient.

L'Hôtel Dieu de Meaux est administré par les Trinitaires.

Un couvent dit Mont de Piété sur la paroisse de Coupvray, de l'ordre de la Sainte Trinité, élève gratuitement six enfants pauvres dont les places sont données par les membres de la famille De Guéménée. Le collège a été établi en 1603 par Françoise De Laval, veuve de Louis De Rohan, en faveur des enfants des villages de Coupvray, Magny, Voulangis, Lesches et Bouleurs, nés « en loyal mariage, capables de servir à Dieu, et d'apprendre mestier, sans y pouvoir mettre aucun bâtard ». Les enfants entrent pour cinq annnées dans l'établissement, y sont nourris, mais n'y boivent que de l'eau.

Lieux-dits de CERFROID

  • Bois de Cerfroid, — nemore de Cerfrei (XIIe [12e] siècle), — Dominus Petrus Tritauz [tenet de rege (Thibaud le Chansonnier)] tenet nemus de Cerfroi, et L [50] solidos census, et pratum sub Santo Martino. (XIIIe [13e] siècle). Le bois de Cerfroid appartient au vicomte de Meaux et de La Ferté sous Jouarre puis à la famille De Châtillon, la commanderie de Moisy le Temple (Montigny l'Allier) ainsi que le prieuré de Cerfroid y ont des droits d'usage.
  • Brumetz, — Brumez (1344), — Brumes (1480), — Brumet (1554), — Brumetz (1674), — Breumeltz (1678), — paroisse de Saint-Crépin-de-Brumetz (1684), ancienne seigneurie dont le territoire appartient encore à trois différents seigneurs, au XVIIIe [18e] siècle dont le prieuré de Cerfroid est décimateur en partie.
    • TemplierBrumier, ancien fief avec justice donné par Gauthier de Châtillon au couvent de Cerfroid situé devant le cimetière du village le long du chemin de Gandelu.
      Au XIVe [14e] siècle la justice, la ferme et 150 arpents de terre sont cédés au commandeur de Moisy le Temple (Montigny l'Allier). [A différencier de la ferme de Brumier, paroisse de Crouy sur Ourcq qui n'en est éloignée que de quelques kilomètres.]
      • La Ferme Brûlée (XIXe [19e] siècle), ferme.
    • La Grange Cœuret, — Crevecœur (1212), — Grange Curet (1742), — (1830), ferme des Trinitaires dépendant de l'ancien duché de Valois.
    • Le Fief Philippe de Joncourt, ancien fief.
      • Les Ormes (1360), — L'Hôtel des Ormes (1582), ancienne maison seigneuriale qui dépend de la châtellenie de Gandelu.
    • Les Demoiselles, — nous en recompensation des choses dessus dittes avons baillé & baillons à toujours-mais aux dits Religieux par pur échange une maison que nous avons à Brumets à tout le pourpris & ajacenses apendans à laditte maison, si comment elle se contient devant & derriere, & est appellée laditte maison, la maison qui fut les Demoiselles (1312), maison.
  • Gandelu
    • Les Granges, lieu-dit.
  • Le Champ des Ermites, — La Croix de Cerfroy (XIXe [19e] siècle), lieu où a été élevée en 1723 une croix en pierre sur l'emplacement de l'ermitage de Felix de Valois.
  • Le Chêne Toslet ou Bois des Hermites, bois d'environ 85 arpents qui appartient aux Trinitaires, enclavé dans les bois du duché de Gesvres et de la seigneurie de Bourneville.
  • Le Clignon, rivière affluent de l'Ourcq.
  • Montigny l'Allier.
    • Tuilerie.
  • Saint Martin (XIIIe [13e] siècle), lieu-dit au finage de Cerfroid.
  • Savards de Cerfroy (XIXe [19e] siècle), lieu-dit.
  • Vaux sous Coulombs
    • Hervilliers, ferme.
  • Vigne de Cerfroid, — Clos de la Vigne (1791), — (XIXe [19e] siècle), lieu-dit.

Faits-divers de CERFROID

1184 - Des lettres de cette année, de Simon, évêque de Meaux, mettent fin à un procès qui existait alors entre les frères du Temple et le seigneur Hugues, comte de Meaux, au sujet d'un droit d'usage que les Templiers prétendaient avoir dans le bois de Cerfroid, in nemore de Cerfrei. Il fut convenu qu'ils auraient dans ce bois le même droit d'usage que dans les bois qui appartenaient à leur maison de Moisy, ad domum de Moysi. De plus, il fut entendu que si le comte de Meaux faisait couper son bois de Cerfroid, il devrait en laisser une partie pour l'usage des frères qui ne pourraient envoyer leurs bestiaux dans les parties coupées, avant trois ans révolus.

1198 - Anno MCXCVIII, in festo Cathedræ Sancti Petri, Innocentius III fit Papa, qui dicebatur Lotharius, diaconus cardinalis ad titulum Sergii et Bacchi. Iste fuit valdè literatus et in omnibus quæ facere voluit, potens et rigidus.
Hujus anno primo surrexit novus ordo fratrum domûs Sanctæ-Trinitatis per quemdam magistrum Johannem de Francia (S. Joannes de Matha), cooperante sibi Papâ, et iste magister apud Cerfroy juxta Wandeluz, in possessione cujusdam militis Rogeri, miraculosè de Alapia liberati, primam domun suam instituit. Isti itaque sub obedientia prælati domûs suæ, qui minister vocatur, in castitate et sine proprio debent vivere. Omnes ecclesiæ hujus ordinis intitulantur nomine Sanctæ-Trinitatis
 ; in unaquaque tres erant primò clerici et tres laïci, præter suum dispensatorem, qui, ut præmisimus, minister est appellatus. Hujusmodi parvas congregationes habent in Francia, Lombardia et Hispania, et etiam ultra mare, usque ad sexcentas, et sunt aliquæ personis multis jam abundantes. Generale concilium apud Cerfroy habent diœcesis Meldensis in octavis Pentecostes. Omnes res suas, undecumque veniant, debent in tres partes æquales dividere ; tertiam verò partem ad redemptionem captivorum qui sunt incarcerati pro fide Christi, reservare. Redimunt autem non silùm christianos à Sarracenis, sed et Sarracenos à christianis, ut ipsum pro christiabo captivo possint commutare Sarracenum. Ordo quidem commendabilis est, sed multam habet materiam evagandi. Quòd asinos et mulos equitant, primò fuit institutum causâ humilitatis et causâ etiam paupertatis.

Mai 1239 - Pierre Tristanz, chevalier [sire de Pacy], reconnait que le bois de Cerfroi, les quarante sous de cens qu'il en paye à son seigneur Raçon de Gavres, et le pré sis sous Saint-Martin, sont du fief du roi de Navarre, comte palatin de Champagne et de Brie, et que ni lui ni ses hoirs ne peuvent les en faire sortir. - « An tesmoing de ceste chose, je ai fait cez lettres séeler an mon séel, an l'an de l'incarnation Nostre Segnor mil et deus cenz et trente nuef, en mois de mai.»

Rasson de Gavres, seigneur de Lidekerq, racheta en 1254, des frère de la Trinité de Cerfroid, quatre muids de blé sur les moulins de Pupas et sur le vivier sous Gandelu, et huit livres sur le tonlieu de ladite ville, que Marguerite de Blois leur avait donné anciennement ; il leur concéda en échange, tant en son nom qu'en celui de ses frères, de sa sœur et de ses neveux, quatre muids de terre sur le terroir de Brumetz.

Mathieu, seigneur de Montmirail et d'Oisy, après la mort de son frère, châtelain de Cambrai, etc., donna aux frères de la Trinité de Cerfroid, pour le repos de son âme, quarante arpents de bois touchant à ceux qu'ils possédaient déjà dans les bois de Cerfrois ; il mourut après 1261.

1311 - CDXLV. Ex Tabulario Monasterii Cervi-Frigidi.
A tous ceux qui ces presentes lettres veront & orront Gaucher de Chatillon Cuens de Portien & Connetable de France salut, sçachent tuit que comme l'Eglise de Cerfroy chef de l'Ordre de toutte la Sainte Trinité ait été fondée de nos predecesseurs & assise dans les termes de notre Chatellenie de Gandelu, & soit en notre garde & souveraineté, & avons pour ice pour le salut de notre ame & pour l'affection que nous avons à laditte Maison de Cerfroy & toutte la Religion étant sous icelle, considerans & regardans que laditte Eglise de Cerfroy a eu & ha, si comme nous nous tenons pour enformé, de tres ancien & long temps droit d'user & paturer à touttes manieres de leurs betes en nos bois & usaires que on dit les usaires de Cerfroy, tant à la partie qu'on dit les usaires de Gandelu, que à la partie qu'on dit les usaires de Pacy à leur volonté pour leurs necessités, toutes fois & quantes fois il leur a plu & plaira & aussin pour couper le vif & le mort bois, tant pour édifier comme pour ardoir & user en leurs maisons ; c'est à sçavoir, en leur Eglise de Cerfroy, en leur maison qu'on dit la Grange-Curet, en leur maison qu'ils ont à Germaincourt, & pourront s'il leur plaist faire chauffour & tuillerie & faire cuire lesdits chauffours & tuilleries de iceux bois usaires, sauf ce que lidits Religieux ne pourront la chaux ni les tieules cuites de iceux bois usaires, vendre ne donner fors que convertir tant seulement en l'usages & refection de leurs maisons dessus dittes : & encore avons voulu & octroyé, voulon & octroyons que li dit Prieur & li Couvent de ladite Eglise de Cerfroy & leurs successeurs puissent user, joüir & tenir en paix les choses dessus dittes sans aucun chalange ou debat de nous, de nos hoirs & de nos successeurs ou temps present ne avenir, & qu'ils pussent en iceux bois usaires chacier ou faire chacier touttes fois qu'il leur plaira, par jour & par nuit, à chiens, furons & à filés, à toutes manieres, de grosses bestes & autres, si comme il est accoutumé de toute la communauté du pays & des lieux voisins : Et encore avons donné, donnons & octroyons audit Prieur & Couvent de laditte Eglise de Cerfroy, qu'ils ayent & tiennent en paix à toujours perpetuellement, environ dix-sept arpens de terre arable séans ou terroüer de Brumets, lesquelles étoient notres par raison de notre terre de Brumets, séant la premiere piece à la haye Hayn, tenant à Jean de Lorme. Item une autre piece dessous le bois, tenant aux autres terres desdits Religieux. Item une piece ou Mont des Croutes. Item une piece à Bussy, tenant à Jean de Lorme. Item une piece en val Carbon, tenant aux enfans Raoul. Item une piece au Seucel, tenant aux terres desdits Religieux. Item une piece au chemin de Chessy, tenant aux terres desdits Religieux. Item à la fosse Dame-Herme une piece, tenant aux terres desdits Religieux de tous cotés. Item une piece an Bralais, tenant auxdits Freres. Item au Fouy une piece tenant à Jean de Lorme. Item au Pierge une piece tenant à Guillaume de Lorme. Item ou chemin de la maison Cueret une piece tenant auxdits Religieux. Item une piece en val Gondis. Esquelles dittes pieces sont contenus les dix-sept arpens de terre dessus dits ou environ, & voulons que li usufruit, emolument & proffit des dix-sept arpens de terre dessus dits soient baillés & convertis par devers notre feal Chapelain & Aumonier Frere Thomas Loquet, Frere de laditte Religion, tant comme il aura la vie humaine ou corps ; & apres le decés dudit FrereThomas, que laditte Eglise en puisse jouir comme de leur propre heritage. Et avons donné, donnons, octroyons & octroyé audit Prieur & Couvent, qu'ils puissent tenir & tiennent à toujours-mais la pature à toutes leurs bestes & les usages dessus dits en dits bois de Cerfroy, ensemble les dix-sept arpens de terre ou environ dessus dits tous amortis : Et encore avons voulu & voulons que tout ce que lesdits Religieux ont ou peuvent avoir acquis en notre Chatellenie de Gandelu, en nos Fiefs ou Arriere-Fiefs, ou qui leur ait été donné, laissé ou aumoné par quelque titre que ce soit, qu'il le puissent tenir & tiennent tout amorty de nous, de nos hoirs & successeurs avecques les choses dessus dittes, sans que nous, notre hoir ou nos successeurs puissions contraindre ne faire contraindre lesdits Religieux à mettre les choses dessus dittes hors de leur main ne aucune d'icelles, ne pour ice à nous, à nos hoirs ou à nos successeurs presens ou avenir ni absens, aucune finance ne redevance ; retenu à nous, & à nos hoirs tant seulement, la Justice & Seigneurie & la souveraineté esdittes choses. Et seront tenu lidits Religieux à toujours-mais pour nous & pour nos predecesseurs & successeurs, à celebrer deux Messes du S. Esprit, tant comme Dieu nous voudra preter la vie humaine ou corps, & après notre decés deux Messes de Requiem, l'une au jour de notre obit, & l'autre le jour des octaves de notre obit. Et toutes choses dessus dittes, ensemble & chacune par foy, promettons nous en bonne foy & avons promis à tenir & à garder, & à faire tenir & garder de nous, de nos hoirs & de nos successeurs & de ceux qui auront cause de nous, & les promettons à garantir auxdits Religieux vers tous & contre tous en jugement & dehors, se aucun y mettoit empechement ou debat ; & seroient retablis lidits Religieux de tous couts, dommages & depens qu'ils auroient eu par deffaut de notre garantie : & en obligeons & laissons pour obligés nous, tous nos biens, nos hoirs & les biens de nos hoirs & nos successeurs en notre Chatellenie de Gandelu & dehors en quelque lieu qu'ils soient, & renonçons pour nous, pour nos hoirs & nos successeurs à touttes decevances, circonventions, raisons, barres, allegations de droit ou de fait qui pourroient être proposées, dictes ou demandées pour nous, pour nos hoirs ou pour nos successeurs contre la teneur de ces presentes lettres qui nous pourroient aider & valloir, & auxdits Religieux nuire & grever. En témoin & en garantissement de choses dessus dittes, nous avons scellé ces presentes lettres de notre propre Scel, qui furent faites & données l'an de grace MCCCX. le Vendredy devant Paques Fleuries ou mois d'Avril.

Au mois d'août 1310, Gaucher de Châtillon accorde au religieux de Cerfroid le droit d'usage et de pâturage dans ses bois de Cerfroid et dans les parties appelées " les usaires de Gandelu " et les " usaires de pais " et leur permet d'y couper " bois mort et vif pour édifier et pour ardoir en leurs maison " il leur donne en même temps dix-sept arpents de terre arable amortis sur le terroir de Brumetz, en réservant pour lui et ses héritiers la justice, la seigneurie et la souveraineté.
Au mois de décembre 1312, il fait un échange avec ces mêmes frères. Giles Baumel de Chouy, écuyer, et Marie, sa femme, leur avaient vendu quatre setiers et pleine mine de grain, quatorze sols de cens à Brumets et quatorze gelines de fouages qu'il tenait à foi et hommage du château de Gandelu. Gaucher reprend ces cens et redevances et donne aux religieux une maison à Brumetz avec toutes ses dépendances.
Enfin, en octobre 1320, il cède au couvent de Cerfrois le tréfond de 25 arpents de bois dans la forestelle de Brumetz en échange de dix livres tournois que Jean de Corrobert avait données aux religieux sur la taille ou cense de Gandelu ; il se réserve la garenne, la justice et la seigneurie.

XIVe [14e] siècle — Item, sour l'an XIe XCVIII [1198] deseurdit, commenchat le nove ordene des frerez del maison del sainte Triniteit ; si le commenchat I maistre Jehan de Franche, et le fondat à Cherfroy, deleis Wandrelois (Wandelu = Gandelu), en la possession d'on chevalier qui astoit nommeis Rogier Maltoisoise (Malcusoise) de Halapie ; la promier fut là, et y mist freres et I ministre qui les govrenoit, et ilh astoient obediens à luy ; si doient vivre en casliteit et sens propre (Sans biens propres). Toutez les englises de cel ordene sont intituleis sour le nom del sainte Triniteit ; en cascon fut mis al promier III [3] clers et III [3] lays, sens leur ministre ; et ont leur general capitle à Cherfrey, del dyocese de Meldensis, es octables de Penthecostes.

1397-1461 - Acte de vente, procès-verbal de prise de possession et ratification du roi consernant la châtellenie de Gandelus, sise dans le bailliage de Château-Thierry, acquise de Charles de Châtillon, par Louis d'Orléans. […] — Décret judicaire de la prévôté de Château-Thierry, adjugeant aux Trinitaires du prieuré de Cerfroy les revenus de la ville de Gandelus, saisis sur la succession de Charles de Châtillon. […] — Vente à la même dame (Comtesse d'Etampes) du fief de Bertourne, par Renaud de Brumiers, seigneur de Montigny, pour 120 livres, et de la terre et maison des Granges par les religieux de Cerfroy, qui la tenaient d'un don de Pierre de Brumiers.

13 novembre 1789 - Déclaration des biens de la maison de Cerfroid, paroisse de Brumetz, ordre de la Sainte-Trinité pour la rédemption des captifs.

04 mai 1791 - La maison ci-devant religieuse de Cerfroid, située canton de Gandelus, paroisse de Brumets, avec tous les logemens, cloîtres, église, cour, jardins, basse-cour, ferme, batimens d'exploitation ; un clos en labour, appellé le clos de la vigne ; une pâture plantée en ormes, tous les prés, marais, aulnois, avenues les Savarts et dépendances, avec un four à chaux, une tuilerie, sur l'enchere de 28,000 liv.

22 juin 1791 - La ferme, dite la Grange-Curet, située paroisse de Brumets, canton de Gandelus, bâtimens et 292 arpens de terre, prés, pâtures, bordures accrus de bois, buissons et friches ; plus, un jardin, un enclos vis-à-vis la porte d'entrée principale de la ferme, et 9 arpens 75 perches de prés, affermés à M. et mademoiselle Dufresne, pour 9 années, commencées en 1789, (religieux de Corfroid) sur l'enchere de 88385 liv.
Une autre ferme, dite la ci-devant seigneurie de Brumets, située au même lieu, bâtimens, clos, jardin, 221 arpens 14 perches d'héritage et terre en labour, marais et pâtures, affermés aux mêmes, pour 9 années, commencées en 1787, (mêmes religieux) sur l'enchere de 64154 liv[res].
La premiere publication des biens ci-dessus a été faite le lundi 20 juin.