Rose des vents le bealle

Les Communes, lieu-dit.

L'appellation héritée du latin a vu son sens chahuté par les invasions barbares qui ont succédé à l'empire romain. Elle émerge réellement au Moyen Age sous une forme primitive qui prendra toute l'amplitude que nous lui connaissons après la révolution de 1789.

Les ghildes sont à l'origine un ensemble d'habitants considérés collectivement pour la gestion de leurs intérêts, elles étaient autorisées par les seigneurs qui supervisaient leur fonctionnement.
A partir du XIe [11ème] siècle, l'indépendance des communautés d'habitants ou communes émerge plus concrètement pour permettre aux rois de se libérer de certaines charges et contenter une population soumise aux abus perprétrés par bon nombre de seigneurs, laïcs et ecclésiastiques.
En effet, à l'époque féodale, la royauté est mise à mal par l'ascendance des vassaux : les guerres incessantes nécessitent argent, talents et influences qu'il convient d'échanger en terres et avantages.
Les communautés d'habitants sont devenues un des moyens stratégiques pour limiter le despotisme et mettre à mal un système défaillant.
A l'instar de l'empereur Otton Le Grand en Italie avec les consules de communi, les monarques français vont autoriser l'organisation autonome de certaines de leurs villes. Les premières corporations de marchands italiens ont pu accéder au pouvoir et supplanter les comtes mais rapidement des disfonctionnements ont dévoilé la nécessité de scinder les pouvoirs en place submergés par un développement commercial trop important et de litiges en proportion. Ainsi, en France, la concession en commune n'est pas devenue une charte d'affranchissement, les villes en commune n'étaient pas libres et ne devaient profiter qu'à elles-mêmes et aux paroisses qui lui étaient éventuellement rattachées, à moins d'y être autorisées par l'autorité seigneuriale pour tout commerce extérieur.
La perspective de pouvoir profiter un peu plus de son travail a d'autant plus privé bon nombre de seigneuries de leur main d'œuvre que les serfs ont également pu acheter leur liberté. Chacun s'est donc mis à surenchérir d'avantages pour attirer le manant sur ses terres et les seigneurs se sont vu dans l'obligation de se départir d'une partie de leurs biens donnés en exploitation, loués ou vendus pour pouvoir subsister.
Dans son fonctionnement, le syndic ou maire était généralement un bourgeois (Le titre de bourgeois s'obtenait selon des modalités différentes en fonction des régions.) qui en administrait les affaires courantes, les recouvrements et la surveillance des lieux (Marais, prés et bois, etc.) avec d'autres procureurs. L'appellation de Communes s'est de ce fait appliqué à l'ensemble des parcelles relevant de la communauté d'habitants qu'elles soient ou non d'importance (En fonction des lieux, le nom a été corrompu en usage dont il se distingue par essence puisque l'usage s'applique sur le bien d'autrui ; il correspond par exemple à un droit de pâturage obtenu par un villageois sur un champ seigneurial après une récolte.) et généralement situées sur les limites territoriales des paroisses plus fragiles à protéger.
Les exploitants bénéficiaient contre impôts et corvées du fruit de leurs travaux et de la protection mais ne pouvaient demander un discernement de leurs biens particuliers ; ils pouvaient à loisir acheter, vendre et louer mais ne pouvaient faire sortir quoi que ce soit d'une communauté dont les statuts sont perpétuels dans le soucis d'en maintenir les deniers patrimoniaux. A l'origine peu valorisés du fait de leur position, les climats en commune rentabilisés par des années de labeur pouvaient être repris par le seigneur mais le recours juridique des communautés peu enclines à se laisser spolier ne l'a pas facilité.
Le système s'est à proprement généralisé et modernisé à partir du 10 brumaire an II et l'appellation de commune a remplacé la communauté d'habitants et ses biens dans le cadre de l'uniformisation des appellations liée aux valeurs de la république, aucune distinction discriminatoire ne pouvait ainsi plus se faire entre village, bourg et ville allant même, parfois provisoirement, jusqu'à changer complètement le nom d'une commune à consonnance trop religieuse.

Sources :

Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Denis DIDEROT
Essai sur le minicipe romain et la commune française - Eugène DE RAINCOURT
Les Juridictions commerciales au moyen âge, étude de droit comparé - François MOREL
Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale - Joseph-Nicolas GUYOT