Rose des vents le bealle

Les capitaineries de chasse

Les réserves de gibiers bornées étaient efficacement surveillées par différents représentants de la loi. Ces officiers étaient concentrés dans des locaux dont les fonctions ne se limitaient pas forcément à leur exercice.

Prémices écologiques

La préservation de l'environnement et les dérèglements climatiques liés à la déforestation sont connus depuis l'antiquité, période à laquelle une grande partie du patrimoine a été ravagé. Les nécessaires défrichages de bons nombres de massifs boisés, lieux de culte sous nos latitudes, pour assurer la subsistance de l'exponentielle prédation humaine ont tant bien que mal été gérés pour apporter une réponse à la croissance démographique. Les périodes de troubles perpétuels ont de surcroît rendu la gestion indépendante des eaux et forêts plutôt difficile. Les lieux naturels sauvages rétrécis, les épisodes climatiques ont progressivement pris de l'ampleur, les abus d'exploitations ont vu disparaître certaines espèces, et au sein du peu de surfaces boisées restant se sont concentrées les cupidités. Il est inutile de revenir sur la prise de conscience trop tardive (XVIIe [17ème] siècle) qui a réformé les exploits face à une possible pénurie de bois à l'aube d'une gourmande industrialisation.

Dans l'ensemble, les seules forêts entretenues et demeurées à peu près intactes en France sont celles relevant directement du domaine royal pour y pratiquer la chasse, privilège de la noblesse d'épée hérité de l'ancestrale coutume de nos ancêtres germains.

Organisation

Les possessions royales étaient environnées de terres distribuées aux vassaux, divisées en d'autant d'autorités différentes qui, après la période féodale, ne permettaient pas à tous les seigneurs issus de cette noblesse d'épée de bénéficier du droit de chasse sur leurs fiefs, considéré entraînement militaire, avant tout soumis à l'autorisation du monarque, et cela même si le bien est un héritage pour différentes raisons dont la plus commune provient de l'éthique du culte catholique puisque par principe sur une terre tenue par un religieux ne se distribuait que le bien (Les châtiments résultant d'une décision de justice rendue par un seigneur ecclésiastique n'étaient pas considérés déviants.). Comme de nombreux guerriers et membres de leurs familles sont entrés dans les ordres, chacun gérait son bien en fonction de son statut et de ses possibilités. Etre seigneur ne signifiait donc pas être riche puisque gérer un patrimoine nécessite quelques notions dont certains étaient dénués, ce qui a notamment amené quelques disparités : les vassaux ecclésiastiques et leurs communautés en charge de prier pour le salut de l'âme de leur souverain pouvaient prospérer à outrance sur les biens dont ils étaient dotés quand leur voisin laïc chassait gibier et marchand de passage pour subsister.
Dans ce schéma auquel les pillages des guerres incessantes s'ajoutent, une gestion plus pointilleuse a nécessairement été mise en place sur le terrain sous une autorité indépendante : la maîtrise des eaux et forêts qui, des domaines royaux, étend progressivement la législation à l'ensemble des territoires.

Depuis les origines, l'entretien des forêts était la charge d'émissaires dont les fonctions variaient selon des différents royaumes qui composaient autrefois le territoire français, ainsi au XIIIe [13ème] siècle voit-on encore sur le duché d'Aquitaine des fiefs sergenteries.
Sur le royaume de France, la réforme la plus significative est mise en place par François Ier, fervent chasseur, dont les capitaineries déversent des agents sur le terrain pour organiser avec beaucoup d'expertise les accès des vastes étendues forestières, plaisirs du roi dont les routes et chemins de vidange sont toujours entretenus (Chambord, Blois, Compiègne, Fontainebleau, etc.).
Les routes de ces forêts étaient interdites aux voituriers (Transporteurs), marchands et adjudicataires de bois, ils devaient demander à la capitainerie une autorisation pour emprunter les chemins de traverse, et étaient tenus de réparer la " voirie " ou en assumer le coût de réparation en cas de dégradation.
Les habitants possédant dans l'étendue des plaisirs un terrain clos (Parc, verger, jardin, etc.) étaient pour la plupart tenus d'en obturer tout passage pour éviter qu'un gibier ne s'y réfugie, des portails de quatre pieds (1 m 22) de hauteur devaient en assurer l'accès sous peine d'en assumer les coûts de fabrication, de pose et d'entretien. En dernier lieu, le fauchage était interdit avant le 24 juin (Saint Jean-Baptiste) sous peine de confiscation des prés et d'une amende.

Divers officiers intègrent au fil des siècles cette administration indépendante qui se généralise progressivement au pays qui prend forme, la maîtrise des eaux et forêt supplantant en la matière toute autre autorité va œuvrer de concert avec les employés des fermes du roi (Douaniers) puisque les forêts étaient un lieu de passage prisé par les contrebandiers.
Les capitaineries, également appelées muettes (Du latin mutare ou movere selon les sources qui ont donné la mue de cerf et la meute.), sont des bâtiments plus ou moins cossus où s'articule donc l'organisation du maintien de l'ordre. Sur les domaines conséquents, le capitaine et ses subalternes y logent parfois avec les équipages de vénerie qui veillent aux animaux destinés à la chasse (Chiens, guépards, faucons, etc.) et à l'appât (Cerfs, chevreuils, etc.) parce qu'il convient de distinguer trois sortes de capitaineries :

Les capitaineries royales

Elles sont situées sur les biens où logent des souverains ; leurs gardes veillent, outre la préservation du gibier et l'environnement, à la lieue de rachat : les seigneurs des fiefs voisins sont généralement interdits à toute pratique de chasse à moins d'une lieue des limites des plaisirs du roi pour le petit gibier, à moins de trois lieues pour le chevreuil, les bêtes noires (Les sangliers sont discernés en maturité par la couleur de leur pelage.) et le tir au vol. Ils ne peuvent construire ni modifier quoi que ce soit sur cette étendue de leurs terres sans autorisation du roi.

Les capitaineries des capitaines de la maison royale.

Elles sont données aux grands officiers de la couronne de France qui administrent les eaux et forêts des différentes provinces (Maîtrises).
Ces officiers s'attablent avec le roi (Commensaux.) et ont généralement droit de chasse sur leurs terres considérées royales.

Les capitaineries simples.

Les capitaines rattachés aux maîtrises particulières (Petites maîtrises.) peuvent chasser modérément sur les fiefs, ils peuvent ainsi prélever du gibier ou abattre un nuisible sur les terres d'un seigneur haut justicier, soumis à leur autorité. Les gardes, sergents dangereux, verdiers, messiers, etc. qu'ils commandent n'ont pas ce privilège et ne peuvent qu'informer des lois, inspecter et assigner à comparaître à la capitainerie par simple clameur de haro. Les villageois recrutés pour les battues n'en tirent de même aucun bénéfice puisque mis à disposition par le seigneur des lieux.

Depuis toujours les seigneurs ne pouvaient avoir que des gardes particuliers (Chasse, vente, pêche.) sur leurs garennes et bois, déjà surveillés par la capitainerie ; certains responsables de provinces et de villes ont usé sans autorisation de la qualité de capitaine de chasse mais une déclaration royale y a mis un terme en 1699.

En matière de législation applicable, les différentes peines sont l'amende (Jusqu'à plusieurs milliers de livres tournois.), le fouet, la flétrissure (Marquage au fer), le bannissement, voire six années de galère à partir de 1607.

Sources :

Les Chasses de Rambouillet depuis les temps primitifs de la Gaule jusqu'à nos jours - Félix FAURE
Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale - Joseph-Nicolas GUYOT
Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches, composé d'un recueil chronologique des réglemens forestiers, d'un dictionnaire des eaux et forêts, et d'un dictionnaires des chasses et pêches ; avec un atlas contenant un grand nombre de tableaux et de figures - Jacques-Joseph BAUDRILLART