Le MARTEAU, lieu-dit.

Si l'objet est très ancien, le nom en l'état l'est beaucoup moins et il convient dans un premier temps d'en considérer l'environnement pour en déterminer l'origine d'appellation.

Brèves légendes.

La pierre de tonnerre dont les siècles passant il est devenu difficile d'extraire une origine certaine semble avoir été d'une extrême dureté. Sa particularité correspondraient à une météorite, à un minéral durci par la chaleur extrême de la foudre ou du magma en fonction des populations. Façonnée en outil, elle devient un vecteur de puissance.
Qu'il s'agisse de Sucellos, de Thor, de Dis Pater, de Serapis, d'Hephaïstos, de Charu, etc. qui arborent le même symbole de justice virile assimilé au sceptre, au foudre et à la hache, le choc du marteau relie quoi qu'il en soit le ciel et l'enfer, la lumière et le feu, le début et la fin.
De pierre ou de métal, il est donc une représentation déterminante aussi funeste que favorable ; le lieu où il frappe est un point de rencontre précis et d'importance, un axe, un centre tellurique, comme l'est la croix et le calvaire avec lesquels il se confond.
L'artefact s'apparente au merlin, mi hache mi marteau, pour en avoir vraisemblablement les mêmes racines, dont l'ancien gallois arthurarthus semble en avoir été une appellation qui ne laisse pas sans évoquer la célèbre légende ; l'omission du m en éloigne toute considération positive, reléguant par là l'objet à des caractéristiques dont la racine art est très évocatrice dans artuo : tailler en pièces en latin, artamos : boucher, meurtrier en grec ancien ou arthes, ourse en ancien gallois qui sont à rapprocher du marto gaulois : bœuf abattu, dont on retrouve la racine dans certains noms. Même si ces différentes pistes semblent évoquer ici une divinité galloise, aucun document ne permet de l'établir avec exactitude en dehors de l'ancienne appellation du Cadier Arthur (Chaise d'Arthur) surnom de la montagne incurvée à son sommet de Mounch Denny dans la région de Brecknoke (Brecon au sud du Pays de Galles) soumis aux coups de vent perpétuels.
Cette considération jette une troublante particularité sur la paroisse de Dammartin en Goële où se rencontrent les climats Le Marteau (Ouest) et La Saussaie Maître Arthus (Est)...

Les marteaux

Qu'il s'agisse d'anciennes activités artisanales (Forges.), de la propriété d'une famille du même nom ou d'une exploitation forestière, les indices sont suffisamment nombreux pour pouvoir déterminer que ce terme en l'état est relativement récent (XIVe [14ème] siècle) et tiré de l'ancien françois marteal lui même issu des marculus, martulus latins et avant eux du morzol de l'ancien breton (La Bretagne est la région qui semble concentrer le plus de haches de pierres primitives et de leurs représentations en France.). [La terminaison aux est une évolution de als et alx : les chevalx de l'ancien françois nous ont laissé chevaux qui évoque à l'origine une forme plurielle.]
En fonction de l'environnement il est permis de différencier les lieux où le marteau était beaucoup utilisé, soit dans le cadre de manufactures, soit dans celui des justices.
Si la forge nécessite des locaux élaborés, voire même un cours d'eau à proximité, il n'en est pas forcément de même pour l'application de la loi puisque en dehors des cours seigneuriales, des arbres de justice et des tribunaux elle était également itinérante avec ses représentants de l'ordre et plus particulièrement ceux de l'office des eaux et forêts.

Les marteaux forestiers sont à l'origine de l'appellation de parcelles assez récemment défrichées. Utilisé pour le marquage des arbres, il se décline en différentes gravures dont l'empreinte est conservée au siège des maîtrises pour en permettre l'authentification. Il existait différents marteaux forestiers selon que l'officier relevait du roi, du grand maître des eaux et forêts, du seigneur, de l'arpenteur, de l'adjudicataire des ventes.
A partir du XVIe [16ème] siècle, dans la nécessité de gérer un peu mieux le patrimoine forestier mis à mal par une exploitation abusive du matériau, un office de garde marteau a été créé pour sécuriser le stockage des marques et en prévenir l'usurpation. Les essences monopolisées en vue de fournir l'armée, les malversations n'ont pourtant pas cessé malgré une surveillance étroite des lieux boisés puisque les riverains rivalisaient d'ingéniosité nuitamment pour s'approprier un peu de bois ou en provoquer la vente.
La législation discernait de ce fait chaque arbre ayant fait l'objet d'une fraude :
- les arbres de délit, coupés sans autorisation dans les forêts royales, les bois seigneuriaux et particuliers.
- les arbres charmés, mutilés en vue de les faire mourir.
- les arbres déshonorés, écimés et ébranchés dans les lieux où le ramassage du bois mort était autorisé.
- les arsins, arbres brûlés.
- les arbres faux ventés, partiellement tirés du sol pour qu'ils semblent couchés par le vent à l'inverse des chablis abattus naturellement par les intempéries.

Les marteaux servaient à marquer les arbres pour leur abattage ou leur réserve de façon bien précise.Cornier et parois

En fonction de leur situation sur les faces regardant les parcelles concernées.Parcelle

Sous sa forme Martot, pour sa part de l'ancien norois toft : champ, il convient de considérer que le nom a évolué sous nos latitudes d'une façon particulière (Normandie) puisqu'il faut relier l'exploitation ancienne et l'habitation de l'exploitant. La terminaison évoque dans ce cas une notion de temps et fait référence à une construction primitive dont la forme initiale maretoft correspond à la toute première maison du marais.

Sources :

Cornubia, Devonia, Somersetus, Dorcestria, Wiltonia, Glocestria, Monumetha, Glamorgan, Caermarden, Penbrok, Cardigan, Radnor, Breknoke, Herefordia & Wigornia - Gerard MERCATOR
Dictionnaire Grec-François composé sur l'ouvrage intitulé Thesaurus Linguæ Græcæ de Henri Etienne, où se trouvent tous les mots des différens âges de la Langue Grecque, leur étymologie, leur sens propre et figuré, et leurs diverses acceptions, justifiées par des exemples - Joseph PLANCHE
Dictionarium Latino-Gallicum. Dictionnaire Latin-Francais, composé sur le plan de l'ouvrage intitule : Magnum totius Latinitatis Lexicon, de Forcellini, où se trouvent tous les mots des différens âges de la Langue latine, leur étymologie, leur sens propre et figuré, et leurs diverses acceptions justifiées par de nombreux exemples choisis avec soin et vérifiés sur les originaux - François-Joseph-Michel NOËL
Encyclopédie des symboles ( Traduction du Knaurs Lexikon der Symbole - Hans BIEDERMANN)
Instruction pour les ventes des bois du Roi , par feu M. de Froidour. Avec des notes tirées des meilleurs auteurs sur la matiere des eaux & forêts, & des ordonnances de 1669, 1667 & 1670. Par M. Berrier, avocat au Parlement, ancien conseiller du Roi, maître particulier des eaux & forêts des baillages de Meaux, Crecy & Château-Thierry.
La Langue Gauloise - Georges DOTTIN
La religion des gaulois ; les druides et le druidisme - Alexandre BERTRAND.
Les delices de la Grand'Bretagne & de l'Irlande où sont exactement décrites les Antiquitez, les Provinces, les Villes, les Bourgs, les Montagnes, les Rivieres, les Ports de Mer, les Bains, les Forteresses, Abbaies, Eglises, Academies, Colleges, Bibliotheques, Palais, les principales Maisons de Campagne & autres beaux Edifices des Familles Illustres, avec leurs Armoiries, &c. la Religion, les mœurs des habitans, leurs jeux, leurs divertissemens, & généralement tout ce qu'il y a de plus considérable à remarquer - James BEEVERELL
Les noms de lieu de la France leur origine, leur signification, leurs transformations - Auguste LONGNON
Les origines Indo-Européennes, ou Les Aryas Primitifs essai de paléontologie linguistique - Adolphe PICTET
Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale.
Tout a commencé au Néolithique. (Blog)