Le bourg

Si l'oppidum est une ville bastionnée, dans son origine le vicus est plutôt un groupe de maisons délimité par un axe de circulation dans une agglomération, il a par la suite consisté en une fraction de quartier développée autour d'un lieu de culte et soumise à l'autorité de quatre magistri vicorum (Fonctionnaires de police.) puis d'un quartier et d'un village.

Le burgus quant à lui est un fortin situé dans une position stratégique : territoires frontaliers, confluents, croisements de route, éminences, en périphérie d'oppidum (Ville fortifiée.) ou de castrum (Château.). A la différence du vicus, dont les premiers habitants sont des religieux défricheurs, les premiers occupants du burgus sont des militaires.

Jusqu'au X^e siècle, les invasions barbares allant bon train, les routes commerciales sont progressivement rompues, assumées pour l'essentiel par les Radhanites ; les transactions sont peu à peu limitées à quelques produits (Vin, sel, etc.), la circulation de l'or disparaît avec le trafic (Charlemagne lui substitue l'argent.) et les villes se cantonnent à leur propre économie.
L'agriculture demeurant la dernière alternative à la faillite de l'empire, les populations migrent dans les campagnes pour y trouver leurs ressources, de préférence à proximité de fortifications pour pouvoir se réfugier en cas d'incursions belliqueuses. Les villages qui n'ont pas été désertés érigent des défenses (Durant la Guerre de Cent Ans même certains hameaux isolés doivent pourvoir à leur protection.) et de là leur assimilation aux bourgs.

Le bourg prend le nom du responsable militaire qui l'a érigé, il lui est donné en gestion par le comites (Comte) qui le complète généralement d'un territoire plus ou moins étendu autour des fortifications. A partir de la mise en place du système féodal au X^e siècle, ces domaines sont appelés châtellenies qui peuvent avoir un fonctionnement entièrement indépendant. Des foires et marchés sont organisés au sein de ces petites agglomérations qui en permettent leur rapide développement et la mise en place d'organisations paramilitaires marchandes. Ces dernières desservent les lieux sécurisés et accessibles, s'installant pour exercer leurs activités, faute de place, en périphérie des bourgs : les faux bourgs dont les limites sont également fortifiées et tendent souvent à absorber les limites des bourgs. Les marchands qui s'y établissent deviennent bourgeois.

Au XI^e siècle, suite à la dégradation des relations entre différentes peuplades d'Orient, le pape Urbain II exhorte les chrétiens à protéger les pélerins en Terre Sainte dans son Appel de Clermont. Les preux motivés par cette mission repoussent peu à peu les Sarasins qui paralysent les routes commerciales du midi permettant lentement au XII^e siècle une reprise des activités extérieures des royaumes de France. Le pouvoir de la bourgeoisie s'accroît alors fortement et les principaux bourgs sont peu à peu devenus des villes fortifiées.

Au fil des siècles, les guerres se faisant de plus en plus rares, la majeure partie des constructions défensives ont été démantelées pour servir de matériaux aux habitants.

Sources :
Dictionnaire de la langue française - Emile LITTRÉ.
Essai historique et philosophique sur les noms d'hommes, de peuples et de lieux considérés principalement dans leurs rapports avec la civilisation - Anne-Joseph-Eusèbe BACONNIERE de Salverte.
Histoire de la propriété ecclésiastique en France - Emile LESNE.
Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir.
Origine des Burgondes - Eugène BEAUVOIS.
Bulletin (1934-1935) - Société d'histoire et d'archéologie de Nîmes et du Gard.