Rose des vents le bealle

La Fosse au Lard, lieu-dit.

Le celtique lar (Cheminée), est à l'origine de l'ancien breton lard et de l'ancien italien lares (Divinités domestiques placées sur les cheminées.) et en règle générale de tout ce qui peut sous-entendre une abondance, un excès, aux sens propres et figurés (Pillard, gaillard, égrillard, etc.).
En fonction de la dimension, la profondeur, l'environnement des Fosses au Lard, il est à discerner plusieurs fonctions plausibles.

Le terme de fosse est indissociable du fossoir utilisé pour creuser, l'outil manuel induit une portion de terre assez réduite qui donnera notamment son nom à la journée de travail réalisée par ce moyen : la fossorée.

La Fosse au Lard évoque donc à l'origine un foyer, un fumoir et, il est donc naturellement survenu des évolutions de sens aussi légitimes que surprenantes du fait de la transformation par le feu.

Des carrières

Des confusions sont survenues entre la stéatite et la craie qui toutes deux supportent la cuisson. La première est une roche réfractaire assez rare, tendre et lisse composée de talc également appelée pierre ollaire (Propre à faire des pots, du latin ollarius : potier et olla : marmite dont l'anglais conserve notamment hole : trou.), pierre au lard, lardite, pierre à savon, etc. servait dans l'antiquité à la sculpture d'objets, d'urnes funéraires et d'autels ; la seconde est un matériau de construction très prisé, également base de la fabrication de chaux, de blanc de Meudon, etc.
Il pourrait s'agir d'un gisement dont l'exploitation a provoqué la dépression du sol soit pour une fosse d'extraction, soit pour une fosse de cuisson. Sous nos latitudes, la stéatite se concentre essentiellement dans les Alpes, il convient donc de discerner la situation du lieu.

Du fusain

Le lardoir est également l'appellation de cette mine puisque les branches sont carbonisées. Parfois confondu avec l'ampélite (Pierre bitumeuse aux utilités proches de celles du khôl durant l'antiquité.), il convient de considérer si la concentration de saules et/ou de fusain à proximité pourrait être à l'origine d'une fosse de cuisson ou s'il s'agit d'un gisement de pierre noire.

Des cochons

A l'état sauvage, l'animal détériore les cultures et, pour préserver leurs terres, les hommes ont commencé à le nourrir puis à le domestiquer.
Le cochon était à la base de l'alimentation de nos ancêtres gaulois ; à l'inverse des populations orientales qui ont toujours considéré l'animal comme vecteur de maladies, les anciennes populations d'occident étaient très friandes de cochonaille, ils ont élaboré avec beaucoup de soin l'élevage de leurs porcs dès leur sédentarisation.
Certains aliments rendant la chair plus goûteuse, l'élevage est de ce fait passé par un régime alimentaire plus spécifique de glands, de châtaignes, de drèches (Résidus de bière.), etc. qui a notamment poussé les romains à importer en Italie une quantité massive de cochons gaulois.
Les bêtes engraissées à l'extrême, étaient parquées dans des fosses marécageuses où elles pouvaient fouir le sol pour y trouver racines et vers de terre.
Le mets le plus élaboré à partir de la graisse de porc, outre le lard, est l'universel et goûteux " gratton " (Son appellation varie en fonction des régions.) obtenu par une friture de graisse animale dans de la graisse animale fondue.

Outre, le parquage des animaux, il faut également considérer que les glands utilisés pour les nourir faisaient l'objet d'une transformation pour leur stockage (Les chênes n'en produisent généralement qu'une année sur deux.) : ramassés ils étaient concentrés dans une fosse puis arrosés d'eau salée pour être ensuite enterrés jusqu'à leur germination. A ce stade ils étaient séchés et égrugés (Réduits en poudre.).

Il convient donc de considérer également si la proximité d'un cours d'eau, d'une chênaie, d'un moulin, ou d'une distillerie (Les abbayes en possédaient.) pourraient permettre de définir l'utilité de la Fosse au Lard comme lieu d'élevage ou de transformation.

De la céruse

Un contenant de plomb, empli de graisse animale et de vinaigre, et surmonté d'une plaque de plomb était enfoui dans une fosse durant plusieurs semaines. L'oxydation à ce terme donnait le blanc de plomb.

Des pièges

Pour se débarrasser des rongeurs en quantité massive, nos ancêtres concevaient des fosses à l'accès protégé, creusées à proximité de communs avec une ouverture réduite par rapport à son fond. Enduite de graisse fondue pour y attirer les nuisibles, les animaux pris au piège n'avaient d'autre ressource pour survivre que de s'entredévorer.

Sources :

- Französisches Etymologisches Wörterbuch - Walther VON WARTBURG
- Histoire naturelle de Pline - Emile LITTRÉ
- Les agronomes latins : Caton, Varron, Columelle, Palladius - Désiré NISARD
- Les Epistres contenans des briefves leçons sur diverses matieres - DU PRAISSAC
- Les Mammifères caractères, mœurs, chasses, combats, captivité, domesticité, acclimatation, usages et produits - Alfred-Edmund BREHM
- Maison rustique du 19e siècle - Charles-François BAILLY
- Mémoires sur la langue celtique - Jean-Baptiste BULLET