Rose des vents le bealle

L'Image et l'Enseigne.

Jusqu'à la Révolution de 1789 les images et enseignes ont jalonné les passages ; il ne s'agissait pas là de pollution, mais bien d'utiles indications visuelles.

Les repères géographiques

Il n'échappe à personne que les humains n'avaient dans un premier temps pour se repérer dans leurs pérégrinations que des montagnes et des pierres qu'ils élevaient pour les visualiser de loin ; certaines figuraient des bornes, d'autres des lieux sacrés en fonction des forces telluriques. Ces dernières ont progressivement pris la forme d'êtres mystiques plus représentatifs.

L'ancien gallois ima (ici) semble être la racine des anciens termes bretons imaich et limaich : image, statue.
La racine i est un diminutif, le m un lieu où l'eau permet de vivre et de circuler que l'on retrouve également dans l'ancien gallois llimp : poli et l'ancien breton lim : limer qui évoquent en synthèse une petite carrière. Le latin imago en a fait évoluer le sens vers l'histoire illustrée d'un personnage de renom (Seuls les éminents étaient vénérables et trouvaient donc matière à être représentés.).

Pour sa part, le celtique sigl (mouvoir) provient de l'action de creuser (le s représente une fissure, un croc, le i est un diminutif et le g un outil, une arme.) qui a conservé avec le latin signa une signification de gravure.

Sous domination romaine, signa indiquait le nom du propriétaire et/ou le métier exercé selon qu'il s'agissait d'un logis ou d'une boutique et imago préservait les lieux des aléas par les bienfaits d'un dieu ou d'un ancêtre représenté.

L'enseigne et l'image pouvaient être gravées, en ronde-bosse et/ou peintes, s'intégrer dans l'architecture d'un bâtiment, d'un poteau cornier ou pendre en drapeau.
Dans un environnement sans nom de voie ni numéro (Les premières nomenclatures de Paris concernent officiellement les rue et place Royale au début du XVIIe [17e] siècle.), une adresse parisienne par exemple consistait en : Juilien Descroüins paveur à Paris rue de La Bucherie [Les pavés parisiens étaient autrefois en bois.] proche le Petit Chastelet [Prison] paroisse Saint Severin chez Maître de Lépois marchand vinaigrier au troisième étage.

Lorsqu'une enseigne, généralement la première boutique du lieu de passage, a poursuivi son activité durant une très longue période, les habitants en qualifiaient ainsi la rue (La rue du Grand Cerf à Meaux tient son nom de l'hôtellerie qui accueille les arrivants à l'entrée de la ville.). Toute précision servant de localisation, une rue où se regroupaient des blanchisseurs a par habitude été appelée ainsi au même titre que celle où se trouvait un collège, une demeure seigneuriale, des jardins, un établissement religieux ou qui menait tout simplement à une autre localité.
Une communauté demeurée implantée pour des raisons pratiques en un seul et même lieu de passage pouvait se localiser par une pancarte ou une image vôtive ; certaines corporations adoptaient parfois leur saint patron au même titre qu'un lieu de culte (E.g. l'Image Sainte Barbe, patronne des artilleurs et artificiers ou l'Image Saint Eloi, patron des forgerons qui préservaient les quartiers militaires.)

Au tout début de la République, il fut établi que les pouvoirs de l'état et du clergé devaient être dissociés ; dans le respect de la constitution les anciennes paroisses faisant référence à un béat ont durant quelques temps, voire définivement, perdu toute connotation religieuse dans l'appellation des communes (Le village de Saint-Cyr-sur-Morin a par exemple été appelé La Fraternité.). La référence de l'image pieuse comme adresse disparait des précisions géographiques pour la même raison mais aussi supplantée par la numérotation progressive des bâtiments.

Sources :

De la nomenclature des rues de Paris - Jules COUSIN, Paul LACOMBE.
Dictionnaire de la conversation et de la lecture inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous
Histoire des enseignes d'hôtelleries, d'auberges et de cabarets - BLAVIGNAC
Mémoires sur la langue celtique - Jean-Baptiste BULLET