Rose des vents le bealle

A L'OMBRE LIMOUSINE

La Jalade est l'appellation d'une châtaigne Corrézienne (Au même titre que l'Érirouillero, la Jasette, l'Exalade, la Rameuse, la Sauvage du Mas, etc.). Partant du principe qu'il s'agissait probablement là d'un idiome, j'ai recherché une correspondance de ce terme précis sur la région Limousine où j'ai quelques racines par mes ancêtres JALADEAU. Le patois limousin n'apportant aucun éclaircissement sur l'origine de ce mot, j'ai finalement découvert que très simplement :

ΓΈΛΑ - GELU

" VAUGELADE peut désigner un " vallon gelé " où il fait très froid, dans la Montagne Limousine. Peut-être aussi un vallon que l'évaporation rend humide et frais.
On trouve dans la Montagne Limousine le Monteil au Gelat (Creuse).
Par contre, en dehors de la courbe de 800 m. qui délimite pour M. MAZALEYRAT la Montagne Limousine, Saint-Yrieix le Déjalat est Saint-Yrieix le dégelé.
On trouve quelques toponymes Gelade appliqués à des villages exposés au Nord — à Cussac (Haute-Vienne). La Gelade sur le versant de la Tardoire exposé au Nord, et tout auprès, les Geladeaux — on orthographie aussi la Jalade et les Jaladeaux."

De nombreux endroits disséminés un peu partout en France ont pris ces noms, sur le département de la Creuse existent également d'autres lieu-dits intéressants :

  • Sur la commune de Saint-Marc-à-Loubaud, le village de la Vaud-Gelade proche du Taurion, également appelé Lavaud de Jalade qui, tout comme le site de La Jalade de Cussac est un ancien atelier préhistorique et une station gallo-romaine.
  • Sur la commune de Sardent, le village de Ribière Jalade.

Et en Haute-Vienne :

  • Sur la commune de Rilhac-Lastours, le village de la Jalade et son moulin.
  • Sur la commune d'Eymoutiers, le Jaladis.
  • Sur la commune de Boisseuil, le Jalard.
  • Sur la commune de Châteauponsac, Vaugelade.
  • Sur la commune de Dinsac, Vaugelade.

Simon Jude HONNORAT dans son Dictionnaire provençal-français, ou Dictionnaire de langue d'oc ancienne et moderne donne cette définition :

GEL, GEAR, GIEL, JEL, radical pris du latin gelu, gelée, glace que Vossius dérive du grec γέλα (géla), éclat.
De gelu, par apocope gel ; d'où : Des-gel, Jel-ada, Des-gelar, Gel, Gel-ada, Gelad-et, Gela-r, Gelar-eia, Gel-at, Gel-ada, Gel-ebrina, Coun-gelat, De-gel-adour, Gel-ciroun, Gel-ou, Coun-gelar, Entre-gelat, Con-gel-acio, Coun-gelat-ion, Gel-ea, Gel-eiroun, Entre-gelar.
De gel, par le changement de l en ou : Geou.
De gel, par le changement de e en ea, geal ; d'où : Geal-abra, Gealabr-ot, Geal-ar, Geal-at, Geal-ibr-ar, Geal-ibre, Geal-abr-ot.
De geal, par le changement de l en r, gear ; d'où : Des-gearar, Gear, Gear-ar, Gear-airoun, Gear-abra, Gear-abre, Gear-iera, Gear-at, Des-gearat, Gear-ebriar, Jal-at, Jal-ibrar, Jal-ibre, Jel, Jelad-et, Jel-ar, Jel-at, Jer-areya.
De geal, par altération dial ; d'où : De-dial-agi, De-dial-ar, De-dial-at, Ger-ebri-ar, De-gel-aire, Des-gel-aire, De-gel-ar, Des-gel-ar, Des-gel-adour, De-geou, Des-geou, Giel-ar, Gielar-eia, Gier-our.
De geal, par le changement du g en d, et de e en i, dial ; d'où : Dial, Dial-ar.

En grec d'origine béotienne γέλα signifie également chaleur du jour, hâle et cette racine se retrouve dans des termes relatifs à l'éclat d'un sourire ou de reflets sur l'eau avec une connotation plutôt poétique ; mais à dire vrai les avis divergent sur l'origine grecque ou latine du mot gel et les théories s'appuyaient autrefois sur des bases parfois bien farfelues pour prouver leur bon sens.

Sur le lieu de la Jalade à Cussac, proche de la rivière de La Tardoire, se trouve un souterrain-refuge datant du néolithique qui démontre de l'ancienneté du site. Il fut découvert en 1890 par M. VANDENMARCQ :

" Station préhistorique dans le canton d'Oradour-sur-Vayres.
Cette station se trouve située à 1500 mètres d'Oradour-sur-Vayres, sur la route qui conduit à Cussac.
C'est en me rendant à Cussac pour mon service, que je découvris l'année dernière, le premier silex, dans un champ labouré, au lieu dit " La Jalade ". Depuis, je fis de nombreuses visites à ce champ, qui est situé sur un monticule à 300 mètres environ au dessus du niveau de la mer, dominé lui même par une couronne de collines plus élevées que lui, et qui paraissent l'abriter.
Au pied, coule la Tardoire, et s'étend une vallée qui a pu, à une certaine époque, être remplie d'eau, formant ainsi un lac qui a du être gelé longtemps, ce qui a donné à l'endroit le nom de " Jelade " ou " Jalade ".
Mes nombreuses recherches m'ont permis de recueillir une quantité d'éclats de silex de toutes formes et de toutes couleurs, parmi lesquels j'ai remarqué 7 fragments de hâches en silex ; 2 percuteurs, 8 grattoirs dont un en quartz, une pointe, 1 outil avec encoche qui a du servir à graver l'os, 1 cristal de roche, enfin une pointe de flèche ébauchée.
La réunion de ces divers objets démontre surabondamment que nous sommes en présence d'un atelier de l'époque néolithique, et je me propose de continuer mes recherches, dans le but de trouver le polissoir qui certainement doit exister dans les parages de la Jalade ".

Comme bien souvent sur les sites préhistoriques on trouve également des traces de vie gallo-romaines, La Jalade semble avoir été de tout temps un lieu plutôt fréquenté, probablement sur un axe allant de Limoges à Angoulême, et de Rochechouart à Périgueux.

" Avec les légions romaines, commence à apparaître en Gaule une idée nouvelle et je dirai même une société nouvelle " pleine d'avenir, dit Guizot, d'un avenir orageux mais puissant et fécond " : c'est le christianisme. Je sais bien que l'on n'est pas d'accord pour savoir si c'est au Ier (1er) ou au IIIe (3ème) siècle que saint Martial a évangélisé l'Aquitaine, mais ce que l'on ne peut nier, c'est qu'il y avait des chrétiens en Aquitaine avant le IIIe (3ème) siècle, et que saint Eutrope fut envoyé dans les Gaules par saint Clément, qui vivait au commencement du IIe (2ème) siècle ; or pour aller à Saintes, saint Eutrope a traversé l'Aquitaine et il y a certainement prêché la parole divine.
Le christianisme qui réprouve le sang, prêche la charité, l'humilité, et le pardon allait se trouver en présence du paganisme aux dieux multiples, qui réclamait le sang humain et flattait les passions. Tout d'abord le christianisme dut, sinon se dissimuler, du moins ne pas attirer l'attention, et la cella ou chapelle fut modeste et de médiocre apparence, puis les ressources étaient faibles. Peu à peu le christianisme l'emporta, ce fut au tour des Druides de se cacher, et tandis que la société civile marchait à pas de géant vers une décadence certaine, l'Eglise allait prendre une influence énorme : comme on l'a dit, les successeurs de Pierre allaient remplacer les Césars et sauver en même temps " la société d'une destruction totale ". Le christianisme prend de l'extension, il se rue sur les temples, brise les statues de Jupiter et de Mercure, mais il est pauvre et n'osant construire des sanctuaires à son Dieu, il trouve dans les temples païens qu'on est en train de détruire une ressource inespérée. Il arrête de son bras puissant et déjà respecté, les démolisseurs, qu'il avait aidés d'abord, il renverse seulement les idoles, purifie le temple, et, à la place de Vénus il place l'image du divin crucifié. Tels sont les débuts du christianisme en Gaule.
Des souvenirs de cette époque, rien ne reste dans le plateau de Châlus, il se pourrait pourtant que l'Eglise de Cussac ait été construite sur l'emplacement et avec les matériaux d'un ancien temple. Extérieurement, derrière le chœur, on trouve de la tuile romaine et on peut remarquer à la base du chevet des pierre cubiques toute salpétrées et angles émoussés ; ces pierres ont environ 0m,35 de côté, ce n'est pas le petit appareil, qui permettrait à coup sûr de vieillir l'Eglise, c'est plutôt que M. l'abbé Bourassé appelle l'opus incertum, et qui ne nous autorise à la placer que vers le VIIIe (8ème) siècle. J'ajoute que l'Eglise de Cussac est dédiée à saint Pierre, vieux vocable très significatif par lui-même. Et il y aurait bien des probabilités pour qu'il y ait eu à l'emplacement de l'Eglise un temple, car Cussac paraît avoir été une station romaine, la tuile romaine se trouve encore à la Jalade qui n'est pas très éloignée du sanctuaire. Peut-être d'autres Eglises du plateau de Châlus contiennent-elles encore des vestiges gallo-romains dissimulés sous quelque chatoyant badigeon, on ne peut guère s'en rendre compte que lorsqu'on fait des restaurations."

En 1881, à la place d'une station gallo-romaine fut créée une station de tramway aux Jaladeaux.

SÉANCE DU 17 AVRIL

Diverses demandes ont été faites au sujet de la création de nouveaux arrêts facultatifs sur les différentes lignes du réseau départemental de tramways.
Votre commission, après examen minutieux, vous propose de donner un avis favorable pour les arrêts suivants :

Ligne n°1.

Avis favorable. — Pont de Grand-Rieux, La Paradie, Clareuil, Moulin-Neuf (remplace celui de Fargeas) Nouaillas, Rochechouart-ville, avec cette observation que, dans des circonstances spéciales, par exemple une mauvaise adhérence avec un train très lourd, le chef de train pourra supprimer l'arrêt à la montée, après avoir avisé les voyageurs à l'arrêt précédent.
Avis défavorable. — Chez-Gorre, Les Galades.
M. ROCHE demande qu'il soit créé un arrêt facultatif au lieu des Jaladeaux près Cussac, réclamé par un grand nombre de pétitionnaires de différents villages voisins.
M. HUGONNEAU ne s'oppose pas à l'admission de la proposition de M. ROCHE.
La proposition en faveur de la création de l'arrêt est adoptée.[…]

La ligne qui reliait Limoges à Rochechouart a été remplacée en 1948 par une ligne d'autocars.

Sources :
Bulletin de la Société Les Amis des Sciences et Arts de Rochechouart.
Le Plateau de Châlus au point de vue historique par Pierre DE FONTAINE DE RESBECQ, ancien officier de cavalerie - Bulletin de la Société Les Amis des Sciences et Arts de Rochechouart.
Rapports et délibérations - Conseil général de la Haute-Vienne
Termes de géographie agraire limousine relatifs à l'eau - P. PERRIER

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