REUIL

Le village

Dans la Brie Champenoise, aux confins de la Galvèse, cette paroisse est située dans une vallée, sur la rive gauche de la Marne, à une demie lieue nord de La Ferté sous Jouarre et cinq lieues est de Meaux.

Dans l'épaisse forêt du saltus Joranus, dont Authaire (ou Saint Oys.), chef barbare de la garde de Theodebert II [2] (Roi d'Austrasie et possesseur du pays Meldois.) est le seigneur depuis la fin du VIe [6ème] siècle. Après son décès, son fils Audœnus (ou Saint Ouen.) hérite, entre autres, du territoire de Reuil.

Le village s'est développé autour de l'abbaye créée au VIIe [7ème] siècle, en partie grâce à la bienfaisance d'Adon frère d'Audœnus, qui lui fait don de ses possessions sur la paroisse de Saint Cyr sur Morin.

Au IXe [9ème] siècle, Anculphus, seigneur franc, sécurise les accès par eau et par terre en construisant des fortifications dans l'île située sur la Marne à La Ferté sous Jouarre : Le territoire s'avère stratégique et, au cours des siècles et des invasions, devient le refuge des populations environnantes. Anculphus investit, entre autres, les territoires environnants de Condé la Ferté, Chamigny, Tancrou, d'Ussy et de Saint Cyr sur Morin qui forment pour l'essentiel les biens des abbayes de Reuil et de Jouarre.

Toponymie

Alias Reuil en Brie.

CIRCONSCRIPTION
  • Parlement : Paris.
  • Intendance : Paris.
  • Coutume :
  • Bailliage :
  • Grenier à sel :
  • Diocèse : Meaux.
  • Archidiaconé de Brie.
  • Doyenné : La Ferté sous Jouarre.
  • Conférence :
  • Collateur : Le prieur.
Dames, seigneurs
  •  
  • Le prieur.

 

PRODUCTIONS : Bois et pierre meulière de même qualité que celle de La Ferté sous Jouarre et Luzancy.

DÉMOGRAPHIE
PÉRIODE FEUX HABITANTS
1709 60  
1726   270
½ XVIIIe 74  
XIXe   401

La cure

Au VIIIe [8ème] siècle les moines de l'abbaye de Jouarre, de double communauté, s'établissent dans celle de Reuil mais les guerres les obligent à fuir.

Au Xe [10ème] siècle, le monastère est réédifié mais ne conserve sur son ancien territoire que la dîme.

Au XIe [11ème] siècle Reuil devient paroisse et reprend possession de son territoire et des terres de Vorpillières et de Charnesseuil (Saint Cyr sur Morin).

Au XIIe [12ème] siècle l'abbaye devient prieuré conventuel de l'ordre de Cluny sous le titre de Saint Pierre et Saint Paul ; il est à la nomination du prieuré de la Charité sur Loire qui en nomme le prieur qui conserve son titre à vie. Ce dernier nomme aux trois offices claustraux du couvent. Dans sa bulle du 26 septembre 1184 confirmant les possessions de ce prieuré, Luce III [3] donne la liste des localités où elles étaient situées, avec l'importance et la nature des biens : Condé Sainte Libiaire, La Ferté sous Jouarre, Chamigny, Luzancy, Marnoue les Moines (Ocquerre), Chailly en Brie, Boissy (Chenoise), Sainte Aulde, Ussy sur Marne, Saint Faron (Meaux), Crépoil, Vendrest, Gesvres, Villiers les Rigaux (Congis), Savigny, Le Plessis Placy, Congis, Etrepilly, Fontains, Chessy, Fresnes et Preuilly (Egligny) dans l'actuel département de Seine et Marne, et plusieurs autres possessions dans les départements de la Marne, de l'Aisne et de l'Aube. Le prieuré est de surcroît le gros décimateur de la paroisse de Tancrou.

Les principaux bienfaiteurs du prieuré sont de la famille d'Oisy, et particulièrement Hugues, qui leur ont fait don de bon nombre de biens et de fondations.

Au XVIIe [17ème] siècle le prieuré est mis à mal par des dégradations au sein de sa communauté dont certains membres sont même des criminels. Réformé en 1634, il est adjoint au prieuré la congrégation de Saint Maur et de Cluny, également appelée congrégation de Saint Benoît, pour en rétablir les observances, non sans mal, vingt ans après et au terme d'une guerre interne entre les deux communautés.

Au XVIIIe [18ème] siècle il comprend douze religieux et vaut environ vingt mille livres de rente.

PATRONS : Saint Jacques et Saint Philippe.

FÊTE :

CURÉS : M. ROUCIN (1732) |

Bienfaisance

Au XIIIe [13ème] siècle un Hôtel Dieu Saint Leonard sur la paroisse de La Ferté sous Jouarre est transféré pour des raisons de commodité à proximité de la chapelle Saint Nicolas de la même paroisse dans les locaux occupés par les religieux de Saint Jean des Vignes de Soissons. D'une contenance d'une dizaine de lits, deux de ces places sont fondées par Mme de Luzancy pour deux de ses paroissiens et une autre par l'abbé De Bissy pour un paroissien de Reuil.

Instruction

INSTITUTEURS : Quentin GUILLAUME (1679) | Germain MAUROY (1696)

Lieux-dits de REUIL

Le couvent, sous le titre de Saint Pierre et Saint Paul, a été démoli à l'époque de la Révolution de 1789 et remplacé par un château avec parc qui appartient v. 1841 à la comtesse de Castellane.

  • Beauval et Beauvoir, — Bauvaricum (1184), — Beauvoir in paroschia de Plesseto Placiaci (XIIIe [13ème] siècle), — Beauvoir en Mucien (v. 1330), — Beauvoir en Moucien (1334), — Le Grand Beauvoir et le Petit Beauvoir (1847), ancien lieu-dit et ferme ou métairie dans l'étendue de la paroisse du Plessis Placy, bâtie avant 1171 par les religieux de Reuil grâce à une partie des dons de plusieurs seigneurs. Le hameau s'est développé autour de ce lieu.
  • Bréau ou Bréault, ferme qui appartient v. 1841 à M. Lavechin-Carrette.
  • Boissy le Châtel, l'église a été donnée au prieuré de Reuil par l'évêque de Meaux et une contestation est survenue entre le seigneur du lieu et les religieux de Reuil à propos de la collation de la chapelle Saint Jacques située dans le château de ce seigneur.
  • Bussiares (Aisne), les seigneurs de la paroisse sont l'abbé de Chezy en Orxois et le prieur de Reuil par indivision. Le prieur de Reuil et le curé de Bussiares en sont les décimateurs par moitié mais la ferme du prieur de Reuil est exempte de dîme.
  • Chailly, les chanoines de la cathédrale de Meaux ont donné au prieuré de Reuil leurs biens sur Chailly en Brie ainsi que leur présentation à la cure.
  • Chapelle de la Sainte Vierge [Peut-être l'église Saint Laurent.], dans l'étendue de la paroisse de Lizy, elle a été donnée au prieuré de Reuil par l'évêque de Meaux.
  • Congy, La grange de Congy (1552), maison détruite.
  • Cornevent, hameau.
  • Croix Saint Elle (1830), lieu-dit.
  • Dhuisy, en 1160, Simon d'Oisy vicomte de Meaux et Ade son épouse fondent dans l'église de Dhuisy un prieuré pour trois moines du couvent de Reuil.
  • Fontaine Cerise (XVIIIe [18ème] siècle), ancien prieuré ermitage de l'ordre de Saint Benoît dépendant en partie de l'abbaye de Reuil sur les territoires de La Ferté sous Jouarre et de Reuil. Il s'agit à l'origine d'une chapelle, sous l'invocation de la Sainte Vierge, destinée à la subsistance d'un seul religieux. Le monastère est pourvu des offices d'un sacristain, d'un prévôt et d'un chantre.
  • TemplierGaudi, maison située sur le territoire de Reuil. " Achetée " au début du XIIIe [13ème] siècle par la commanderie de La Sablonnière aux religieux de Reuil, cette possession a fait l'objet, avec d'autres biens (Voyez Villers le Vaste.), d'une contestation par les frères de Montmirail, seigneurs d'Oisy et de La Ferté Gaucher : une grande partie de leurs biens semble avoir été acquise illégalement par les Templiers durant leur jeunesse après la mort de leur père dont ils ont obtenu indemnité.
  • La Cabane, maison isolée (1830 et 1847).
  • La Charbonnière (XVIIIe [18ème] siècle), hameau.
  • La Croix de Pierre, hameau sur les communes de La Ferté sous Jouarre et de Reuil.
  • La Croix Guilleman (1830), lieu-dit.
  • La ferme d'Aunoy appartient v. 1841 à M. Himbert De Flégny.
  • La Madeleine, ancien prieuré avec chapelle sur la paroisse de Chamigny, à quelques pas de l'église paroissiale, à la collation du prieur de Reuil. Le titulaire a une portion de dîme à part, sur laquelle il doit un gros au curé ; deux fermes et une maison agréablement située auprès de la paroisse. Ce prieuré a autrefois été une maison de convalescence des religieux de Reuil.
    Un des anciens seigneurs de Chamigny est nommé Nivardus de Caminiaco, lequel est dit avoir donné, en 1163, à l'église de Sainte Madeleine de Chavigny et aux moines de Reuil qui y demeurent, toutes les noix qui tombent sur les terres que ses prédécesseurs ont ramassé de droit, et le dixième poisson de l'étang voisin de sa maison.
    [Une prévôté de Saint Guifford, ou Notre Dame de la Fosse, sur la paroisse de Reuil est à la collation du prieur de Coincy. Il existe sous l'église de Chamigny une chapelle Notre Dame de la Cave.]
  • La Marne, — Matrona (1er s.), — Materna fluvius (632), — Fluvium maternæ (v. 670), — Fluvium matrena (v. 700), — Matrona (846), — Materna (1096), — Maderna (1158), — Marna (1185), — Aqua Materne (1254), — Le fleuve de Marne (1281), rivière affluent de la Seine.
  • Le Château Gaillard (1650), — Château Gaillard (1717), manoir détruit.
  • Les Champeaux (1830), lieu-dit.
  • Les Poupelins.
  • Lisbonne, ferme qui appartient v. 1841 à Mme Frigal.
  • Ocquerre.
    • Fief de Vieux Moulin, — Viezmoulin sur la riviere d'Urc (1542), — Les Vieilz Moulins (1667), ancienne seigneurie divisée entre le prieuré de Reuil et la seigneurie de Lizy, hameau. Le domaine est exploité jusqu'en 160 par la famille Michel.
      • moulins banaux situés sur l'Ourcq. L'exploitant meunier a le droit de chasse de grain sur les paroisses de Crepoil, Cocherel, La Trousse (Ocquerre) et de Mary sur Marne à partir de 1727. Le moulin à blé à été construit sur l'emplacement de deux moulins à huile et à drap.
  • Saint Christophe, paroisse et hospice de la ville épiscopale de Meaux.
  • Saint Etienne, paroisse de Condé la Ferté.
  • Saint Laurent, — La chapelle Saint Laurens de Lizy (1621), maison isolée, ferme et ancien prieuré conventuel devenu prieuré simple à la collation du prieur de Reuil sur la paroisse de Lizy ; comme ce bénéfice est un office claustral, un bénédictin en est pourvu. [Il s'agit peut-être de la Chapelle de la Sainte Vierge.]
  • Saint Martin des champs, prieuré à la collation du prieur de Reuil sur la paroisse de La Ferté sous Jouarre. Au XVIIIe [18ème] siècle il vaut 160 livres.
  • Saint Cyr sur Morin, une partie du territoire de la paroisse située au N. est possédée par Audœnus qui l'obtient en héritage après la mort d'Authaire, son père. Cette possession fait partie des biens qu'il donne à la fondation de l'abbaye de Reuil au VIIe [7ème] siècle.
    • Charnesseuil, ancien fief et ferme. Ce territoire comprend le hameau de Montapeine et une partie du hameau de Montomé. Il est administré par des seigneurs qui rendent foi et hommage au prieur de Reuil.
    • Noisement (1485), — Noisemant (1757), ancien fief, hameau. Une partie du territoire appartient dès le VIIe [7ème] siècle à l'abbaye de Reuil qui en cède les bénéfices à Anculphus seigneur de La Ferté sous Jouarre. Les descendants de ce dernier, seigneurs de Chamigny en ont conservé les droits au XIIe [12ème] siècle.
    • Vorpillières ou La Moinerie, ancien fief, hameau traversé d'Est en Ouest par une voie romaine allant de Meaux à Châlons,dont l'empierrement a été arraché en 1775 lors de la construction de la route d'Allemagne, et du Nord au Sud par une voie romaine reliant la Marne à Doue. Au croisement de ces voies, une borne milliaire (Pillus) et un lieu pour manger (Vorare) lui ont donné son nom. Ancienne seigneurie dependant en partie du prieuré de Reuil.
  • Sainte Aulde, le chapitre de l'église de Meaux a donné cette seigneurie au prieuré de Reuil.
  • Tartarel, colline sur laquelle sont exploitées les carrières de pierre à meule.
    • Fontaine Cerise, carrière.
    • La Picherette, carrière de pierre dure, de nuance argentée.
    • Le bois des Chêneaux, carrière de pierre d'un silex résistant, de diverses nuances.
    • Le bois Planté, face au bois des Chêneaux, carrière de pierre d'un silex moins résistant que celle du bois des Chêneaux.
  • Tillet, hameau.
    • Notre Dame du Tillet, chapelle fondée par un seigneur nommé Foulques. Au XVIIIe [18ème] siècle elle est à la collation de l'abbesse de Jouarre.
  • Villers le Vaste, hameau sur l'ancienne paroisse de Veuilly la Poterie et sur la commune de Marigny en Orxois (Aisne). Le seigneur de Villers le Vaste est le prieur commandataire de Reuil, ordre de Cluny, diocèse de Meaux qui en est également décimateur pour moitié avec le curé de Veuilly la Poterie.
    • TemplierHerupe, maison située à une demie lieue de Gandelu avec 200 arpents de bois sur le hameau de La Herupe (Montreuil aux Lions). " Achetée " au début du XIIIe [13ème] siècle par la commanderie de La Sablonnière aux religieux de Reuil, cette possession a fait l'objet, avec d'autres biens (Voyez Gaudi.), d'une contestation par les frères de Montmirail, seigneurs d'Oisy et de La Ferté Gaucher : une grande partie de leurs biens semble avoir été acquise illégalement par les Templiers durant leur jeunesse après la mort de leur père dont ils ont obtenu indemnité.
      A partir de la moitié du XVIe [16ème] siècle, ruinée par les guerres, Herupe ne consiste plus qu'en terres et bois loués.

Faits-divers de REUIL

26 avril 1575 - Procuration par frère Jean Hugues, le jeune, novice du prieuré Saint-Pierre de Rueil-en-Brie [Prieuré bénédictin Saint-Pierre-Saint-Paul], diocèse de Meaux, ordre de Cluny, à maître Jean Hugues, l'aîné, son oncle, curé de Luzancy pour prendre possession de la chapelle Notre-Dame du Tillet.

16 juin 1603 - Laurence Engarend, femme de Pierre Chapperon, tuilier, demeurant à Messy, paroisse de Luzancy, auparavant veuve de Jacques de Renencourt : donation à Jean Engarend vigneron, demeurant aux Poupelains, paroisse de Reuil (près la Ferté-sous-Jouarre) d'un logis, jardin et terres aux Poupelains, paroisse de Reuil.