EBLY

Le village

Dans la Brie Champenoise, cette paroisse est située sur le grand Morin à un quart de lieue de la rive gauche de la Marne, à une lieue & deux tiers S. S. O. de Meaux, autant O. N. O. de Crécy & à une demie du grand chemin de Paris à Coulommiers.

Ancien hameau de la paroisse de Saint Germain sous Couilly.

Cent arpents de vignes produisent les meilleurs vins de Brie, particulièrement la côte du midi que l'on appelle la Petite-Bourgogne.

Cent arpents de prés : un étang sur Esbly jusqu'au bas de la montagne de Coupvray a été desséché par Gaucher de Châtillon en 1500. Propriété du duc de Penthièvre comme seigneur de Crécy, qui a sur ce canton haute, moyenne et basse justice. La commune des habitants d'Esbly paie chaque année 5 livres 11 sols au domaine de Crécy pour le droit de pâturage qu'ils ont seuls dans cette prairie.
Des usages ou pâtures communes aux trois paroisses d'Isle, de Condé et d'Esbly, dans toute la prairie de Condé, accordées aux habitans d'Isle, renouvellées et confirmées par lettres-patentes du mois de novembre 1623 ; les troupeaux y paissent depuis le premier octobre jusqu'au 15 mai inclus.

Toponymie

Capella Esbeliaci (v. 1140), Abeli (1177), Esbeliacum (1185), Ecclesia de Ebeliaco (1217), Ebliacum, Ebiliacum (1235), Herbeli, Erbeli (1250), Esbeli (1259), Ebeliacum, Esbiiacum (1300), Villa d'Esbeli (1334), Les courtilz d'Ebli (1361), Asbely (1363), Esbelly (1450), Hesbely (1551), Esbly en Brie (1569), Aiblyes (1574), Ebly (1681), Esblis (1690), alias Ibly, alias Esbly.

CIRCONSCRIPTION
  • Parlement : Paris.
  • Intendance : Paris.
  • Subdélégation : Meaux.
  • Coutume : Meaux.
  • Bailliage : Meaux. La justice seigneuriale est une prévôté, les appels à Meaux. Les procureurs au bailliage de Meaux sont les seuls à occuper en cette justice, comme en la justice de Coupvray.
  • Grenier à sel : Meaux.
  • Maîtrise des eaux et forêts : Crecy.
  • Décimateur : Le curé.
  • Diocèse : Meaux.
  • Archidiaconé de Brie.
  • Doyenné : Crecy.
  • Conférence : Crecy.
  • Collateur : L'évêque de Meaux.
Dames, seigneurs
  • Famille CHARLET - Le prince de Guéménée (1778, 1785).
  •  

 

PRODUCTIONS : Grains, foins, vins.

DÉMOGRAPHIE
PÉRIODE FEUX HABITANTS
1709 76  
1726   343
½ XVIIIe 76  
¾ XVIIIe 80 280
XIXe   580

La cure

La chapelle est érigée en église paroissiale en 1185 sous l'épiscopat de Simon. L'évêque de Meaux et l'abbé de Saint Germain des Prés de Paris nomment alternativement à la cure jusqu'en 1217, période à laquelle une transaction donne ce seul droit à l'évêque.

Une chapelle sous le titre de Saint Jean Baptiste dont le chapelain a l'obligation de dire la messe les dimanches et fêtes.

M. CHARLET, abbé de Verdelot et seigneur en partie d'Esbly, a fait bâtir l'église actuelle sur un terrain qu'il a donné à la paroisse, sa construction a été achevée en 1692. Dans le pilier à gauche près du sanctuaire, l'abbé Charlet a fait renfermer une cassette dans laquelle il a fait mettre des pièces d'or et d'argent de différentes monnaies en cours à son époque : il y a particulièrement une médaille d'argent plus forte que les écus de six livres, où d'un côté est son portrait, et de l'autre la représentation du portail de l'église.

PATRON : Saint Jean Baptiste.

FÊTE : 24 juin (Saint Jean-Baptiste)

CURÉS : |

Bienfaisance

Madame de Vernon, épouse de M. Boury, a laissé 50 livres de rente pour les pauvres.

Lieux-dits d'EBLY

Au milieu de ce village, est une ferme appartenant à M. le marquis d'Orvilliers (XIXe siècle).

  • Blesnur, Le Fief de Blesnur (1511), ancien fief aux environs d'Esbly et de Coupvray.
  • La Fontaine de Corbie (1561), ancien lieu-dit.
  • La Fontaine Sainte Lubière (1561), ancien lieu-dit.
  • La Marne, — Matrona (1er s.), — Materna fluvius (632), — Fluvium maternæ (v. 670), — Fluvium matrena (v. 700), — Matrona (846), — Materna (1096), — Maderna (1158), — Marna (1185), — Aqua Materne (1254), — Le fleuve de Marne (1281), rivière affluent de la Seine.
  • Le Grand Morin, — Mugra (VIIe siècle), — Inter duas Mucras (Fin VIIe siècle), — Aqua que dicitur Mucra (1135), — Moreien (1158), — Fluvium Moræn (v. 1180), — Mucra (1230), — Aqua de Morein (1233), — Repparia de Morena (1238), — Pons super aquam Morene (1240), — Moriein (nd.), — La rivière du Morain (1414), — Mucra Major (XVIIe siècle), — La rivière des Morins (1786), rivière affluent de la Marne.
  • Les Champs Forts (1833), lieu-dit.
  • Les Folies (1833), lieu-dit.

Moulin d'EBLY

Un moulin aurait été établi, paraît-il, par l'abbaye du Pont-aux-Dames sur un brasset du Morin, vers la queue de l'île de Condé ; mais comme il était trop rapproché de la rivière de Marne, il était souvent noyé et se trouvait dans l'impossibilité de fonctionner, ce qui amena sa destruction.
Il est du reste question d'un moulin à Esbly dans une charte de 1228, contenant traité entre Hugues de Châtillon, seigneur de Crécy, et les habitants d'Esbly pour l'établissement d'un vivier dans les pâturages marécageux situés entre Esbly et Coupvray. La famille Charlet, devenue au XVIe siècle possesseur de la seigneurie d'Esbly, en construisit un nouveau vers 1530, c'est celui qui existe actuellement. Le 24 septembre 1720, Isaac Canda était meunier du moulin d'Esbly et en sa qualité demandait au seigneur (le sieur Charlet) de faire exécuter divers travaux aux écluses et à la porte à bateaux du côté de Condé.
En 1728, le meunier Bonnille Augustin fait procéder en sortant à la prisée qui était évaluée à 1576 livr. t. 10 s. Le meunier entrant est Nicolas le Roy.
Il devint plus tard (1778) la propriété du prince Rohan-Guéménée. A cette date il est exploité par un nommé Pachot, dont les descendants ont été meuniers au même lieu pendant plus d'un siècle.
Au prince Rohan-Guéménée succéda Armand-Jules de Rohan, archevêque de Reims, puis le neveu de ce dernier, Jules-Hercule-Mériadec de Rohan, auquel il appartenait encore à la Révolution. Confisqué il fut vendu comme bien national, le 23 janvier 1791, au marquis d'Orvilliers, qui le revendit en 1792 à M. Aubé, de Meaux, qui le céda lui-même, l'année suivante, à M. Leclerc. Il passa ensuite jusqu'en 1830, à la famille Pachot dont les ancêtres l'avaient habité pendant de longues années comme locataires. L'un d'eux comparut dans un bail de trois pièces de terre, passé le 23 janvier 1782, avec le représentant du comte d'Eu.
De 1840 à 1850, on avait installé deux moulins dans la cage. En 1857 il appartenait à M. Chalot, qui fit exécuter d'importantes réparations au déversoir.
En 1867, la force motrice était transmise par une roue de côté, à trois paires de meules de 1 m. 50 de diamètre, montées à l'anglaise.
Depuis, ces meules ont été remplacées par trois cylindres qui continuèrent à écraser du blé. Une seule paire de meules a été conservée.
Il peut annuellement moudre 15 000 hectolitres de blé ; il appartient actuellement à M. Tartier et est exploité par M. Baticle, meunier (1907. NDW).

Faits-divers d'EBLY

Vû par le Roy étant en son conseil, les titres & pièces représentez en exécution de l'arrêt rendu en icelui le 29 août 1724, & autres rendus en conséquence, & de l'arrêt interlocutoire du 6 août 1726, signifié le 19 mars suivant, par la dame Fayet veuve du sieur Charlet, se prétendant en droit de percevoir un droit de péage sur le pont situé sur la rivière de Morin au lieu d'Esbly, généralité de Paris, sçavoir : Extrait collationné, portant que par acte passé le 7 octobre 1565 il appert que Antoine de Belloy a abandonné à titre d'échange à Étienne Charlet Président des Enquêtes, la seigneurie de la Grandcour avec ses appartenances & dépendances, entr'autres le bac & droit de passage sur la rivière de Marne, & sur le pont situé dans la terre & seigneurie d'Esbly sur la rivière du Morin : Semblable extrait portant que par acte du 3 novembre 1565 il appert que ledit Étienne Charlet a pris possession desdites seigneuries & droits en dépendans : Pareil extrait portant que par contrat du 18 mars 1697 il appert qu'Étienne Charlet a acquis de Guillaume Charlet & des sieur & dame de Jassaud, les parts & portions qui leur appartenoient dans les terres d'Esbly & d'Isle, droits de bac & autres dépendances d'icelles : Semblable extrait portant que par sentence des requêtes du palais du 27 Janvier 1702, il appert qu'il a été fait à Étienne-Pierre Charlet la délivrance du legs universel à lui fait par Étienne Charlet, par son testament olographe du 20 avril 1694 : Procès verbal dressé le 31 mars 1727, par le Lieutenant général au bailliage de Meaux, par lequel il a été donné acte au procureur de la dame Charlet, de sa comparution, dire & réquisitoire, & de la prestation de serment de treize témoins qui devoient déposer sur le droit de passage sur le pont situé dans la seigneurie d'Esbly sur la rivière de Morin. Enquête faite ledit jour 31 mars 1727, dans laquelle plusieurs des treize témoins qui la composent, ont déposé qu'il ne se percevoit plus de péage sur le pont d'Esbly depuis quarante ou cinquante ans, ou environ ; & plusieurs autres ont déclaré que depuis quatre ou cinq ans on a voulu le rétablir, & que les gens du sieur Charlet l'ont exigé des marchands forains qui amenoient des bestiaux à la foire de saint Martin qui se tient à Meaux : Conclusions du sieur Maboul Maître des Requêtes, Procureur général de Sa Majesté en cette partie. Vû aussi l'avis des sieurs Commissaires nommez par l'arrêt du Conseil du 29 août 1724, & autres rendus en conséquence : Ouï le rapport du sieur Orry Conseiller d'état ordinaire, & au Conseil royal, Contrôleur général des finances : Le Roy Étant En Son Conseil, conformément à l'avis desdits sieurs Commissaires, a supprimé & supprime le droit de péage prétendu par la dame veuve Charlet sur le pont construit sur la rivière de Morin au lieu d'Esbly. Lui fait sa majesté très-expresses inhibitions & défenses de percevoir aucun droit de péage, sous quelque dénomination que ce soit, sur les voitures, bêtes de somme, bestiaux, denrées, & marchandises passant sur ledit pont, ni d'ailleurs dans l'étende de ladite seigneurie d'Esbly, à peine contr'elle de restitution des sommes qui auroient été exigées, d'une amende arbitraire au profit de Sa Majesté, & contre ses fermiers ou receveurs, d'être poursuivis extraordinairement comme concussionnaires & punis comme tels, suivant la rigueur des ordonnances. Fait au Conseil d'état du Roy, Sa Majesté y étant, tenu à Gand le premier août mil sept cens quarante-cinq. Signé Phelypeaux.