CRESPOIL

Le village

Dans la Brie Champenoise, cette paroisse est à trois lieues O. N. O. de Meaux. Le village est situé sur un coteau à deux lieues du grand chemin, de La Ferté sous Jouarre & une de la rivière de Marne.

La paroisse de Crépoil est au XIVe siècle réunie à Cocherel, elle en est séparée au XVIe siècle et en est restée séparée jusqu'à la Révolution de 1789. Cette ancienne commune a été réunie à Cocherel par ordonnance royale en 1842.

L'ancienne seigneurie de Crépoil mouvant d'un fief principal dit " de la Grande-Maison " de Cocherel, dont le seigneur relève du baron de Chamigny et de La Ferté sous Jouarre, contient 329 arpents de terre en 1177 et, au XVIe siècle, renferme deux fiefs : La Grande Maison de Crépoil et Les Marestaux. Le domaine de la seigneurie de Crépoil comprend en 1616, outre l'hôtel seigneurial ou ferme, 180 arpents, en 1789, 217 arpents.
Le seigneur jouit des droits de justice haute, moyenne et basse, de cens, surcens et rentes, du droit de lods et ventes et a un four banal. En 1785, les cens, surcens et rentes représentent 331 livres 15 sols et les lods et ventes perçus sur le pied de huit et demi pour cent étoient évalués à 196 livres par an.

Le fief de la Grande-Maison de Crépoil, qui constitue la seigneurie du lieu, appartiend au XVIe siècle à Charles de Melun, il le cède à messire Barillon qui, en 1561, en fait au seigneur de Cocherel pour l'hôtel et les terres (100 arpents) foi et hommage avec paiement de 190 livres pour droit de quint et requint. Sa veuve, Catherine Lécuyer, fait à son tour le 17 juillet 1562, foi et hommage pour la justice de Crépoil au seigneur de La Ferté sous Jouarre avec paiement de 30 livres pour droit de relief. Ce même fief passe le 2 avril 1572 à Nicolas Le Hardy de La Trousse, par la vente que lui a été faite par Antoine de Barillon et Louise de Billon sa femme. Il n'a plus été séparé de la terre de La Trousse.
Quelques années après, le sieur de La Trousse devient aussi propriétaire du fief des Marestaux appartenant à Nicolas Vaillant, il en fait en 1613 foi et hommage au seigneur de Cocherel, ainsi que des usages et droits de pâture de la Fesse (Le fief de La Fesse qui confine sur la paroisse de Dhuisy a dépendu de Cocherel).

Toponymie

Crispolium (n.d.), Crampoel (v. 1172), Crespoil (1184), Crepoel (1215), Crespouel (1325), Crepieul (1477), Crespouellum (1513), Crespoil en France (1540), Crampoil (XVIe siècle), Le fief de Crespouel (v. 1540), alias Crépoil.

CIRCONSCRIPTION
  • Parlement : Paris.
  • Intendance : Paris.
  • Subdélégation : Meaux.
  • Coutume : Meaux.
  • Bailliage : Meaux. Justice seigneuriale. Les premières causes à Lizy sur Ourcq, les appels à La Ferté sous Jouarre, et de là au Châtelet.
  • Grenier à sel : Meaux.
  • Maîtrise des eaux et forêts : Crécy.
  • Décimateurs : Le couvent de Reuil (2/3) et l'abbaye de Chaage (1/3).
  • Diocèse : Meaux.
  • Archidiaconé de France.
  • Doyenné : Gandelu (1363).
  • Conférence : Lizy.
  • Collateur : L'évêque de Meaux.
Dames, seigneurs
  • Le marquis de la Trousse et, en 1778, le comte d'Harville.
  •  

 

PRODUCTIONS : Grains, vins. Crépoil viendrait de Crespellæ qui signifie crêpe. Au XIXe siècle du sous-sol de Crépoil est extrait du grès pour fournir Paris.

MARCHÉS :

DÉMOGRAPHIE
PÉRIODE FEUX HABITANTS
1709 40  
1726   179
½ XVIIIe 40  
¾ XVIIIe 50 150
XIXe   168

La cure

La cure possède 6 arpents 60 perches de terre. Le curé, privé des grosses et même des menues dîmes de sa paroisse qui appartiennent au sacristain du couvent de Reuil et à l'abbé de Notre-Dame de Chaâge à Meaux, est réduit à la portion congrue fixée par le roi d'abord à 300 livres, puis portée à 500 livres en 1786 (Les dîmes de Crépoil rapportoient, en 1785, 4 livres par arpent.). Sa juridiction toutefois s'étend au commencement du XVe siècle sur le château de La Trousse, et il reçoit de ce fait une rente annuelle de 30 livres indépendamment des profits casuels.
Les immeubles de la cure ont été vendus à la requête de la Nation le 25 novembre 1791 moyennant 5300 livres.

L'ancienne église de Crépoil dédiée à Saint-Leu, ne se distingue que par la croix qui la surmonte du reste des bâtiments de la ferme dont elle semble faire partie (Saint-Leu ou Loup est l'évêque de Sens sous Clotaire II, il mourut en 623.).
On y remarque la pierre tombale de Jean Perrier sur laquelle le défunt est gravé revêtu d'une chasuble avec cette inscription : " Cy gist vénérable et discrète personne, Messire Jehan Perrier, prêtre natif de Cocherel, pourvu de la cure de Crépoil en l'an 1590, et premier chapelain succursal du hameau de La Trousse, qui trépassa le 20 novembre en l'an 1617, priez Dieu pour son âme. "
Une autre pierre tombale encastrée dans la muraille rappelle le nom de Claude Dubois, décédé le 3 mars 1683, curé de Crépoil pendant 42 ans, chanoine de Meaux, et mentionne les rentes qu'il a fondées pour services religieux à célébrer pour le repos de son âme.
Fut aussi inhumé dans l'église le 25 janvier 1774, un chapelain du château de La Trousse, de la maison de Chailly.
La cloche de l'église de Crépoil a été baptisée en 1743 sous le nom de Marie-Anne-Dominique. Le parrain a été Pierre Jouard, receveur du marquisat de La Trousse et la marraine une dame de la maison de la marquise.

Le presbytère de Crépoil a été vendu par la Nation, le 26 thermidor an IV, moyennant 600 livres.
Le cimetière est placé vis-à-vis l'église dont il est séparé par la rue.

Le clergé de Cocherel fait chaque année le premier dimanche de septembre une procession solennelle à une croix élevée en l'honneur de Saint-Leu auprès d'une fontaine non loin du village. C'est un lieu de pélerinage auquel on apporte ou amène des enfants. Le prêtre récite sur eux un chapitre de l'évangile de Saint-Luc et, suivant la croyance populaire, ces enfants sont préservés à jamais de la peur.

Depuis le Concordat, l'église de Crépoil est une chapelle simple sans titre légal.

PATRONS : Saint Leu et Saint Gilles.

FÊTES :

  • 1er septembre (Saint-Leu).
  • Le premier dimanche de septembre, il s'y fait tous les ans un pélerinage en l'honneur de Saint-Leu.

CURÉS : 1791 - DESGENTEL |

Fabrique

La fabrique de Crépoil possède sur la paroisse 6 arpents de terre qui ont été vendus nationalement le 3 octobre 1793, moyennant 5300 livres, et 27 livres de rente dont partie a été transférée aux hospices de Fontainebleau.

Bienfaisance

A son décès en 1724, la marquise de la Trousse lègue 10000 livres au monastère Notre Dame de la Miséricorde à Paris à la charge des services religieux, 200 livres aux pauvres de Lizy, 100 livres aux pauvres de Mary, 100 livres aux pauvres de Cocherel, 60 livres aux pauvres de Crépoil, 40 livres aux pauvres de Rademont et 30 livres par an à Marie DELAFOND de Saint-Ambroise, sa sœur, religieuse de l'abbaye Notre Dame de Meaux.

Instruction

Les paroisses de Cocherel et de Crépoil ont chacune leur école dirigée par le clerc paroissial ; cumulant les deux offices, se livrant durant 3 ou 4 mois aux travaux des champs. On se perpétue volontiers dans le poste : François Susset et Nicolas Susset, son fils, ont été maîtres d'école à Cocherel de 1699 à 1779 et qui ont eu pour successeur Bonnet, gendre de Nicolas. A cette dernière date, la fabrique de l'église assura au maître une modeste rente de 33 livres 10 sous par an. Il perçoit de plus un écolage de 10 ou 15 sous par mois.
L'élection d'Etienne Vasset comme clerc paroissial et maître d'école de Crépoil en 1791, indique les obligations incombant alors aux maîtres de l'enseignement primaire :

1° Il fera l'école de la Toussaint jusqu'au temps où les enfants vont aux nesles et aux chardons ; il sera assidu à leur montrer à lire et à écrire et à leur apprendre le catéchisme.
2° Il sera assidu les fêtes et dimanches aux offices de la paroisse ;
3° Il balayera l'église tous les samedis ainsi que la sacristie et ôtera la poussière des chandeliers ;
4° Il servira la messe à M. le curé ou lui fournira un enfant ; il sonnera l'Angelus trois fois par jour, sonnera la messe et les vêpres les dimanches et jours de fête, pliera les ornements et chantera toutes les messes de fondation.

Le maître d'école est également le clerc paroissial.
L'école de Crépoil, qui a appartenu à la fabrique de l'église, a été vendue nationalement le 24 fructidor an V. Crépoil, resté privé d'école particulière, celle de Cocherel a absorbé ses élèves jusqu'en 1882, époque à laquelle y fut établie une école de hameau.
La maison où elle se tient a été prise à bail par la commune qui a par la suite décidé d'élever une construction spéciale pour parer à la vétusté des lieux.
Evolution du niveau d'instruction d'après les registres paroissiaux et d'état-civil (Signatures) :

Dates Nombre de Illettrés Illettrées % %
  mariages H F H F
1701 à 1800 239 79 196 33 82
1801 à 1860 217 45 87 21 40
1861 à 1877 75 9 9 12 12
1878 à 1887 25 2 1 8 4

Lieux-dits de CRESPOIL

Une ferme dans le village appartient v. 1841 à M. NUMÉRAC.

  • La Grande Maison (1561), La Grande Maison de Crépoil, ancien fief.
  • Le Basque, ancien lieu d'habitation. (nb. Dans son dictionnaire topographique STEIN situe cette maison sur la commune d'Ocquerre, mais BENOIST la situe sur Crépoil.)
  • La Trousse (Peut-être de Trossa ou Troussa, droit seigneurial perçu sur les bêtes à laine.) seigneurie érigée en marquisat au XVIIe siècle..
    • Château. Le château de La Trousse fut construit par Sébastien LE HARDY sur une période allant de fin XVIe au début XVIIe siècle pour un coût de 300 000 livres ; sa chapelle fut décorée par Pierre MIGNARD (Cette chapelle et celle qui l'a remplacée est exempte de la juridiction du curé de la paroisse et relève directement de Rome). Il fut modifié par le marquis de La Trousse (Philippe-Auguste LE HARDY) à la fin du XVIIe siècle. Vendu en 1791 par la comtesse d'Harville au comte Baudon de Mony, du domaine du marquisat de La Trousse ne subsistent que les fossés, quelques communs servant d'avant-corps et l'ancienne prison circulaire avec cabanons et oubliettes, le château fut détruit au XIXe siècle. (Un autre château fut construit quelques décennies après.)
    • Hameau. En 1615 une ordonnance de Jean de Vieupont, évêque de Meaux, sur la demande de Sébastien Le Hardy, sieur de La Trousse, du consentement de Nicolas Potier, sieur de Blancmesnil et d'Ocquerre, de l'abbaye de Chaâge et du prieur d'Ocquerre lui-même, prononça la désunion du village de La Trousse d'avec l'église d'Ocquerre pour être réuni à Crépoil et la création en l'église de Crépoil d'une chapelle succursale dotée de 30 livres de rente perpétuelle par le sieur de La Trousse. Le curé stipula qu'il serait indemnisé des menues dîmes et du casuel et que les grosses dîmes lui resteraient ainsi que les novales et de son côté l'évêque imposa aux habitants de La Trousse l'obligation d'assister au service divin en l'église d'Ocquerre, les quatre grandes fêtes solennelles et le jour de la fête patronale. Le hameau et le château dépendent actuellement de la commune d'Ocquerre.
  • L'Enfer (1835), lieu-dit.
  • Rademont, ancienne paroisse dépendant des seigneuries de Vendrest et de Lizy sur Ourcq qui devient une des possessions du marquis de La Trousse (sur les paroisses d'Ocquerre et de Crépoil) au XVIIe siècle. Le hameau est réuni à Vendrest en 1839.

Faits-divers de CRESPOIL

08 septembre 1563 - Jean Lhoste, manouvrier, demeurant à Crépoil : donation à Regnault et à Nicolas Le Roy, demeurant à Torchamp, paroisse de Essarts l'Evêque de bâtiments et de terres au terroir de Dhuisy.

En 1636 les châtelains de La Trousse refusèrent de présenter le pain bénit durant le service obligatoire en l'église d'Ocquerre et le prieur constatait avec chagrin que ses paroissiens en avaient été privés six dimanches de suite. Autre grief : les gens du château refusaient de faire leurs pâques à Ocquerre. Une plaque de cuivre conservée en l'église de cette commune reproduit l'ordonnance de l'évêque de Meaux.

15 janvier 1650 - Sébastien Velle, demeurant à Crépoil : donation sous certaines conditions à Regnault Velle, vigneron, demeurant à Crépoil, son neveu d'une travée de maison avec jardin à Crépoil.

Les registres de la paroisse de Crépoil constatent, à la date du 26 février 1666, l'abjuration d'un calviniste du nom de Charles Larose dit La Montagne, cavalier en la compagnie du marquis de La Trousse.

1767-1768 — Enregistrement des causes d'audiences portées devant le bailli de Lizy, du marquisat de la Trousse et autres justices en dépendant. — Demande en retrait lignager formée par Michel Bochet, manouvrier à La Trousse, paroisse de Crépoil, cousin de germain de Jacques Bochet, vigneron à Rademont, l'un et l'autre peits-fils de Nicolas Bochet, leur ayeul paternel, contre Pierre Mourant, laboureur, et Catherine Franchemont, sa femme ; […]

Monographie

  • Notice historique et statistique sur le marquisat de la Trousse et sur ses possessions : Cocherel, Crépoil, Tancrou, Rademont, Vieux-Moulin, etc. et sur la commune d'Ocquerre - Louis BENOIST