COUILLY
Le village
Aux confins de la Brie Champenoise, cette paroisse est à une lieue O. N. O. de Crecy, & deux S. S. O. de Meaux. Le village est traversé par la route de Coulommiers.
Sarcilly est l'ancien nom de cette petite ville, selon certains le nom de Couilly a été substitué par un seigneur de l'ancienne famille de Couilly et selon d'autres il a pris le nom de Couilly à Collibus, parce que ce bourg est situé entre deux collines.
Toponymie Colliacum (n.d.), Villa Coliaco (853), Villa Coliacum (853), Colly (1177), Coilliacum (1185), Villa Colliaci (1191), Coilli (1209), Decanus de Culleio (1223), Culeia, Caleium (1225), Sanctus Georgius de Coilliaco (1226), Villa de Colliaco (1226), Cueilly (1226), Cuilliacum (1240), Coilleium (1240), Beatus Georgius de Cuilleio (1247), Cuyli (1265), Coillii (1271), Coully (1279), Coulli (1285), Coulliacum (XIIIe siècle), Coilly (1325), Couly (1450), Coulle (1488), Cuelly (XVe siècle), Coully-en-Brye (1500), Couilly-Pont-aux-Dames (Décret du 21 janvier 1930). |
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CIRCONSCRIPTION | |
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Dames, seigneurs | |
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PRODUCTIONS : Grains, foins, bois.
MARCHÉS :
DÉMOGRAPHIE | ||
PÉRIODE | FEUX | HABITANTS |
1709 | 156 | |
1726 | 700 | |
½ XVIIIe | 156 | |
¾ XVIIIe | 175 | 550 |
XIXe | 722 |
La cure
Au XIe siècle, peu après la donation à l'abbaye de Saint Germain des Prés de Paris de l'église située de l'autre côté du Grand Morin, l'abbaye parisienne reçoit d'Espagne la plus grande partie du corps du bien heureux Saint Georges, elle en fait la distribution dans tout le pays et met en grand renom le culte de ce saint. L'église de Couilly prend alors le titre de Saint Georges et le pont qui, en cet endroit, fait la communication des deux bords du Grand Morin, est pendant quelque temps appelé Pont Saint Georges au lieu de Pont Notre Dame.
Au XIIIe siècle, Hugues de Châtillon comte de Saint Paul et Marie d'Avesnes, sa deuxième épouse, du consentement de l'évêque de Meaux, Pierre de Cuisy, et du curé de Couilly, fondent une abbaye de filles de l'ordre et de la filitation de Citeaux près de la rivière du Grand Morin. Les première religieuses de la communauté sont tirées de l'abbaye de Saint Antoine de Paris. Le monastère, d'abord établi à proximité du pont de Couilly, s'est d'abord appelé abbaye du Pont ou du Pont Notre Dame. Environ trois après sa fondation l'établissement est transféré à un demi-quart de lieue, dans l'Hôtel Dieu du hameau de Rues où il est demeuré jusqu'à la révolution (1789). La chapelle du premier monastère a peut-être subsisté pour être dédiée sous l'invocation de la Sainte Vierge, puis de Sainte Catherine (XVIIIe siècle).
Parmi les fonds que Hugues de Châtillon donne pour cet établissement, il y a 300 arpents de bois dans la forêt de Crecy ; mais les villages de Villeneuve le Comte, de Crecy, de Couilly, Saint Germain sous Couilly, Bouleurs, Villiers sur Morin, La Chapelle, Dammartin en Brie, Mortcef, Bailly et Coulomme y ont leurs usages. Hugues de CHÂTILLON obtient des habitants de ces paroisses de céder leurs droits aux religieuses. Ratifiée, sa fondation est approuvée par Thibault VI, comte de Champagne et roi de Navarre.
Les religieuses comptent, outre la famille de Châtillon, comme principaux bienfaiteurs le roi Charles le Bel, sa femme Jeanne, sa fille Blanche de France duchesse d'Orléans qui a été enterrée dans l'abbaye en 1392 (Tante du roi Charles VI.) et Marguerite de DAMPIERRE, femme de Gaucher de CHÂTILLON, fils du connétable.
Détruit pendant les troubles auxquels le royaume est en proie sous les premiers Valois, le couvent est rétabli après l'expulsion totale des anglais et la pacification du royaume.
Un ossement de Saint Tresain (Prêtre évangéliste d'origine irlandaise du VIe siècle et ancien curé de Mareuil.), enchâssé dans un reliquaire de vermeil, a été apporté d'Avenay, où se trouvent ses reliques.
En 1726, la communauté a 12 000 livres de rente.
C'est dans cette abbaye que la Dubarry fut exilée, après la mort de Louis XV.
Le bâtiment a été vendu nationalement et démoli en grande partie à la Révolution de 1789. Le reste forme maintenant plusieurs habitations.
PATRON : Saint Georges puis Saint Martin.
FÊTES :
- 4 juillet (Saint Martin.)
- Le dimanche suivant.
CURÉS : |
Bienfaisance
Le roi, par arrêt du 26 mars 1695, a réuni à l'Hôtel Dieu de Crécy les Maladreries de Saint Michel, sur la paroisse de Saint Martin, et celles de Couilly et de Villeneuve le Comte.
Lieux-dits de COUILLY
Six fiefs : celui de la Croix de Couilly où se trouve l'église appartenant à l'évêque de Meaux, avec ses officiers particuliers, mais depuis la réunion de la justice au bailliage de l'évêché, les causes y sont portées ; le fief de Sainte Catherine, à l'abbesse du Pont aux Dames ; le fief de Saint Cyr, aux religieuses de Saint Cyr près Versailles ; le fief de Montigny, au prince Louis de ROHAN ; le fief du Bassin, à M. de La PRADE, seigneur de Bailly ; et celui des Maréchales, au curé.
Il y avoit aussi autrefois à la ferme des Marais, une chapelle sans titre, sous l'invocation de la Sainte Vierge. Elle a été interdite par M. de FONTENILLE, le 1er juillet 1744, parce qu'elle n'étoit pas tenue décemment et qu'elle menaçoit ruine. Elle étoit entièrement détruite en 1790.
- Bougaudin, — Beaugaudin (1696), — Bougoudin (1757), — Boisgaudin (XVIIIe siècle), — Beaugaudin (1858), hameau.
- Buz, — Vicus de Bus (XIIIe siècle), — La forte tour de Bus (1430), — Bu, parroisse de Couilly (1630), ancien manoir fortifié.
- Champigny, — Campinicum (1005), — Champigni (1235), hameau, moulin, étang et ruisseau.
- Guérard.
- Grand Lud, — Grant Luz (1325), — Grand Lud (1691), ancien fief, hameau.
- Huiry, hameau.
- La Chapelle sur Crecy
- La Bergerie, — Bergeria abbatie (1271), ancien lieu-dit près de Crécy en Brie.
- Le Marais et Les Marets, — Moniales des Mareiz (1190), — Les Dames des Maretz (1190), — Maresii (1240), — Locus qui dicitur de Marisio sive Marisco (n.d.), — La chapelle N-D Sainte Marie des Marés (1255), — Les Marés (1273), — L'hotel et fief de Notre Dame des Marais (1538), — Notre Dame des Maretz, hostel fermé (1716), — Notre Dame des Marais (1750), ancien fief, ancien prieuré avec chapelle, ferme détruite. (Voyez Les Fontaines)
- Les Fontaines, — Domus de Fontanis dicta de Maresio (XIVe [14ème] siècle), maison détruite entre Couilly et Crécy-en-Brie. (Voyez Le Marais)
- La Fontaine Magisse, — La Fontaine Nagisse (1403), — La Fontaine Magisse du costé devers Crécy (1404), — La Nagisse (XIXe [19ème] siècle), lieu-dit qui semble également être appelé la Bugisse en 1785.
- La Fontaine Saint Georges, — La fontaine Saint George à Crécy (1325), — La fontaine Saint George (1392), ancien lieu-dit.
- L'Ecorcherie, — Lescorcherie (1672), maison isolée.
- Le Courtil aux Antes (1450), lieu-dit.
- Le Courtil Tillery, — Le Courtil qui fut Tillery, qui est fermé à murs (1450), maison détruite au finage de Couilly.
- Le Fief Emeline Lapostolle, — Un fief anciennement appellé Emeline Lapostolle (1765), ancien fief.
- Le Figuier, — Mansum de Ficario (853), maison détruite sur les communes de Couilly Pont aux Dames ou de Montry.
- Le Grand Morin, — Mugra (VIIe siècle), — Inter duas Mucras (Fin VIIe siècle), — Aqua que dicitur Mucra (1135), — Moreien (1158), — Fluvium Moræn (v. 1180), — Mucra (1230), — Aqua de Morein (1233), — Repparia de Morena (1238), — Pons super aquam Morene (1240), — Moriein (nd.), — La rivière du Morain (1414), — Mucra Major (XVIIe siècle), — La rivière des Morins (1786), rivière affluent de la Marne.
- Le Martroy, ancien lieu-dit (1392).
- Le Ru du Corbier (1392), affluent du Petit Morin.
- Les Allois, — Terra de Aliz (1232), ancien lieu-dit.
- Les Caves, — Depuis le chemin qui descent de Coully par devant l'ostel de Caves droit à la fontaine Saint George (1392), — La ferme des Caves sise à Couilly (1641), — Les Caves (1847), maison isolée qui appartient v. 1841 à M. VION.
- Lucet (XVIIIe siècle), maison détruite.
- Mansum ad Bugomolinum (753), ancien lieu-dit à Couilly Pont aux Dames ou à Montry.
- Martigny, hameau et ferme. La ferme de Martigny appartient v. 1841 à M. HEBERT.
- Pont aux Dames, hameau
- Les Bourbonnières, ancien bois appartenant à l'abbaye de Pont-aux-Dames (1734).
- Sainte Catherine (1760), ancien fief au territoire de Pont Aux Dames.
- Les Prés de Marolle (1760), lieu-dit.
- Prudaria (XIe siècle), lieu-dit disparu.
- Rues. (Voyez Pont aux Dames.)
Moulins de COUILLY
- Champigny, petit moulin dans le hameau du même nom.
- Le Pré, moulin détruit.
Etabli sur la rive droite du Morin, au-dessous du pont de Couilly, ce moulin appartenait en partie, dès février 1209, aux Templiers de la commanderie de Chevru (canton de la Ferté-Gaucher). En cette année 1209 (1210), ils acquirent l'autre partie de Pierre de Cornillon, de Meaux, en échange de certaines redevances qu'ils tenaient de la libéralité de Manassès, seigneur de Coulommes (1156 à 1179).
Un peu plus tard vers 1216, à l'occasion de l'érection (sous le vocable de Sainte-Marie et de Saint-Jean-Baptiste) d'une chapelle à Mont-Denis (commune de Sancy), par les seigneurs de Quincy, le même Pierre de Cornillon fit don pour l'entretien de ladite chapelle de 40 livr. provinoises ; cet exemple fut suivi plus tard par deux de ses parents, Raoul et Jean de cornillon, et par d'autres personnes pieuses qui ajoutèrent des rentes en vin à prélever sur la dîme de Crécy, et des redevances en blé à " percevoir sur le moulin de Quintejoie ".
Enfin Pierre, évêque de Meaux, par une charte donné en 1234, avant Pâques, confirme " l'abandonnement ", fait par le couvent de Noëfort au chapelain qui célèbrera la messe à Mont-Denis, d'un muid de blé, qu'il avait droit de prendre au moulin de Quintejoie de lez-Quincy. Un setier provenait de la donation qu'avait faite Jean de Cornillon (Décédé le 31 décembre 1333, seigneur de Quincy-en-Brie) aux religieuses du Pont-aux-Dames, pour célébrer un anniversaire, et à prendre annuellement sur sa part dans les revenus des moulins de Quintejoie (Cart. de l'abbaye du Pont-aux-Dames, f° 2, v°, Bibl. nat.)
Cette donation est confirmée par une charte datée du dimanche avant la fête des Apôtres Simon et Jude de l'année 1333, par laquelle le curé de Quincy atteste cette donation.
Vers 1568, le moulin de Quintejoie appartenait aux moines de Saint-Rigomer de Meaux ; ces derniers le conservèrent jusqu'en 1692, et le cédèrent à bail emphytéotique, passé le 7 juin 1692 devant François Revault, notaire tabellion royal, résidant à Quincy, pour une durée de soixante-dix-neuf ans moyennant le prix et somme de 126 liv. t. de redevance annuelle (Arch. nat., 9°, 1421-24), au profit de Thierry Sévin, chevalier et alors seigneur de Quincy. En 1781, l'abbaye de Châage à Meaux en était propriétaire et le louait au meunier Boivin, moyennant 450 liv. t. par an, plus une redevance annuelle de 12 canards.
Confisqué à la Révolution, il fut acquis, le 19 janvier 1791, par le même Boivin pour la somme de 18 100 liv. t. En 1830, il était propriété de M. Beaudoin, qui le conserva jusque vers 1870 ; il passa ensuite entre les mains de M. William, et est exploité par M. Garnier, meunier (1907. NDW).
Il continue toujours à moudre du blé, seulement les meules de pierre ont été remplacées par sept paires de cylindres en acier pouvant moudre de 15 à 20 000 hectolitres de blé par an.
En ce point la force motrice du cours d'eau est partagée par moitié entre le propriétaire du moulin et l'Etat, qui l'utilise pour alimenter le canal de Meaux à Chalifert, au moyen d'une rigole ou branche alimentaire dont l'origine est à l'aval du pont de Couilly.
Moulin très ancien, bâti sur la rive droite du Grand-Morin, sur la même retenue que celui de Saint-Germain ; il est cité dans la charte de fondation de l'abbaye de Pont-aux-Dames (avril 1226), de Hugues de Châtillon, par laquelle ce seigneur donne aux religieuses de ladite abbaye, entre autres biens, " le droit de rivière à partir du moulin de Talemer jusqu'au moulin de Quintejoie…" (Cart. de P.-D., f° 10 V°, Cart. L. Arch. nat., et Abbaye du P.-D., par Berthault, Cart., p. 3). C'était à cette époque un moulin à blé appartenant au seigneur de Crécy. Son nom de Talemer, " molindinum de Talemer ", n'est autre que le mot Talmerarius, dont on a retranché la terminaison. Dans la langue romane, ce mot de Talemelier voulait dire boulanger. Le moulin de Talemer était donc le moulin du boulanger.
C'est ce que fait d'ailleurs connaître le texte même de la charte de fondation de l'abbaye du Pont-aux-Dames.
Ce n'était pas un fait spécial au moulin en question que d'y cuire le pain. On sait, en effet, qu'aux temps anciens le même individu exerçait simultanément l'état de meunier et celui de talemelier. Celui-ci travaillait tantôt pour son propre compte, tantôt pour les personnes qui lui apportaient leur grain à moudre et à convertir en pain. Ce mot, tombé en désuétude vers la fin du XIIIe siècle, fut remplacé par celui de boulanger, lequel serait venu, paraît-il, du mot boule, à raison de l'usage, à cette époque, de faire tous les pains en forme de boules. Les talemeliers auraient d'abord été appelés : boulens, puis boulangers (Voir le Glossaire de Ducange, verbis Talemerarius et Bolengarius).
[ Au XIVe siècle, on écrivait aussi tallemellier, ou Taillemeilier ; c'est la plus ancienne dénomination qu'on ait employée en France pour désigner les boulangers (Livre des métiers de Paris d'Etienne Boileau, titre 1, p. 4).]
Une charte de 1228 (jour de Saint-Luc) nous apprend qu'il fut, à cette époque, transformé en moulin à huile. Dans cette charte, il est désigné sous le nom de Treulim ou Trœlim ; une autre charte d'avril 1231 dit Troolin, qui n'est autre que la transformation en notre langue rustique du mot : Troïllium, qui signifie : pressoir à huile (Lettre historique sur Couilly, par Berthault, p. 55).
En 1522, il était encore moulin à huile, ainsi que nous l'apprend une déclaration faite à cette époque du temporel de l'abbaye du Pont. " Item, pour un mollin à huile, assis sur la rivière de Morain nommé le Mollin de Talmer, appartenant à l'église du Pont, de notre fondation, baillé à ferme à Jehan Decaulx parmy 20. liv. tournois de rente " (Abb. du P.-D., par Berthault, p. 198).
En 1680, il était loué à Claude Constant, et à sa femme Claude Habit, qui comparaissent avec des cohéritiers dans un acte du 22 juillet 1680, dans un procès contre d'autres personnes, entre autres : Jean Foin, cordonnier, et sa femme Jeanne Leclerc, demeurant à Paris faubourg saint-Antoine ; Lambert Leclerc, maistre émailleur, patinostrier en émaille, demeurant à Paris, et Houdré Baudouin, maistre crispinier en or, argent et soyes, et Denise Leclerc, sa femme (Arch. D., E. 1725).
Par bail du 20 mars 1740, le moulin de Talemer était loué moyennant, par an, 260 liv. t. et deux chapons. En 1775 (15 juillet), ce loyer avait considérablement augmenté, il était monté à 528 liv. t. et deux chapons. Enfin suivant le bail du 16 août 1785, ce loyer était de 672 liv. t., six chapons gras et dix paires de poulets ; mais dans cette dernière somme de 672 liv. t., le pressoir banal s'y trouvait compris pour 72 liv. t. (n° 1. E 6. - Arch. départ.). Les dépendances dudit moulin étaient assez importantes, elles comprenaient : une île proche du moulin contenant environ un demi-arpent ; un quartier de pré en deux pièces formant les deux extrémités d'une autre île, dont le surplus appartenait aux religieux de Saint-Germain-des-Prés, située vis-à-vis ledit moulin entre la rivière et le brasset du moulin desdits religieux, 3 arpents 88 perches de pré en trois pièces et 125 perches de terre.
Confisqué à la Révolution, en même temps que tous les biens de l'abbaye du P.-D., il fut vendu le 22 janvier 1791, à M. Dubuc, chamoiseur, moyennant la somme de 26 900 liv. t. et le remboursement de la prisée, soit au meunier, si celui-ci " l'a payée " lors de son entrée au moulin, soit au trésor. L'adjudicataire était en outre tenu aux conditions suivantes : " Ouvrir et boucher le perthuis pour le passage des bateaux, flottes, et autres trains, tant montants que descendants, d'entretenir les écluses dudit moulin, la porte ou passent les bateaux, vannes, pieux, chaperons ou billes, règles et tout ce qui dépend par moitié, dont ledit moulin est tenu ". Le meunier était Lebobe, dont le fils, né à Couilly, est devenu Président du Tribunal de Commerce de Paris et député de l'arrondissement de Meaux, sous le gouvernement de Juillet. Ce moulin étant conjugué avec celui situé en face sur la rive opposée, les réparations et obligations que nous venons d'énumérer étaient et sont supportées par moitié par les deux usines.
Vers 1830, il devint la propriété de M. Chatelain, qui le conserva, croyons-nous, jusqu'au moment où l'état acheta (1845) la chute pour les besoins du canal de Chalifert. Il a disparu comme son voisin d'en face.
Il est cité dans une charte de 1220 de Guillaume, évêque de Meaux ; le meunier se nommait Bernard (Bernardus molendinarius).
Appelé anciennement Ernould ou Arnould (Molendinum Arnulphi), il était, avant la Révolution, l'un des cinq moulins banaux du domaine de Crécy.
Avant 1289, il dépendait de ce domaine et appartenait à cette époque à la famille de Châtillon, et c'est l'un d'eux, Gaucher Ve du nom, qui céda avec la châtellenie et seigneurie de Crécy et d'autres terres à Philippe le Bel, roi de France. A partir de cette date (1289), il suivit les mutations successives du domaine royal jusqu'en 1762, où Crécy cessa d'appartenir à la couronne. A cette époque Louis Xv l'échangea irrévocablement au profit du comte d'Eu, en retour de la principauté des Dombes ; celui-ci le légua à son filleul, le duc de Penthièvre, qui fut le dernier seigneur de Crécy. Le moulin Arnould était grevé de redevances assez importantes consenties par ses divers possesseurs et dont la perception ne cessa qu'à la Révolution, savoir :
Muids | Septiers | |
Au commandeur du Temple de Montaigu : 4 muits de blé mouture, etc. | 4 | |
Au curé et église paroissiale de Couilly : 12 boisseaux ou | 1 | |
Au seigneur de Voulangis, ayant droit de feu Pierre de Longis : 14 septiers de grains | 14 | |
Aux religieuses, prieuré et couvent de Fontaine-lez-Meaux : 2 septiers de grains | 2 | |
Aux religieuses, abbaye et couvent du Pont-aux-Dames : 8 muits 6 septiers | 8 | 6 |
La première était due au Commandeur du Temple par la Commanderie de Choisy, qui la tenait des libéralités des rois de France ; celles dues à l'église de Couilly, au seigneur de Voulangis et au couvent de Fontaine provenaient de dons faits par Jeanne, femme de Philippe le Bel.
Enfin celle de l'abbaye du Pont-aux-Dames provenait des libéralités faites par la famille de Châtillon.
Il y avait encore une redevance de 3 septiers perçue par le prieur de Coutevroult, mais elle ne figure pas dans les comptes de 1574, on la trouve dans ceux de 1733 et les années suivantes (E. 1645-1649. Arch. dép.).
Nous ignorons le nom du donateur.
Certaines de ces redevances sont indiquées dans les chartes ou actes suivants :
1° Charte de 1233 passée devant Hugues de Châtillon et Marie, son épouse : " Gui du Port donne à sa fille Elisabeth tout ce qu'il tenait du sire de Crécy et tout ce qu'il possédait dans la propriété du Moulin d'Arnould situé dans une île du Morin et dans 12 deniers de cens, assis sur une friche, proche ledit moulin ; au même instant, Elisabeth, du consentement du sire de Crécy, donne le tout en perpétuelle aumône à l'abbaye du Pont-aux-Dames " (Cart. de l'abbaye du P.-D., L, f° 34 r°. - Abb. du P.-D., par Berthault, p. 15 du Cart.).
2° Une autre charte de janvier 1233, reçue par Etienne évêque de Meaux, porte que Eudes Lebœuf des Iles reconnaît avoir vendu à l'abbaye, pour 60 liv. tourn. provinoises et un muid de blé, tout ce qu'il avait dans la propriété du moulin d'Arnould ", situé à Rus (Alias Pont-aux-Dames), dans 12 deniers de cens assis proche ledit moulin. Agnès, épouse d'Eudes, approuve et confirme cette vente (Cart. du Pont-aux-Dames, L. 34 v°, p. 16, de Berthault).
Enfin dans une troisième charte de la même époque passée devant Me Adam, Chanoine et Official de Meaux, Hugues d'Oisy reconnaît avoir vendu à l'abbaye du Pont-aux-Dames, moyennant 28 liv. tour. provinoises, 1 muid et pleine mine de blé, qu'il percevait annuellement sur le moulin d'Arnould ; Girard de Couilly reconnaît également avoir vendu à l'abbaye : 4 septiers et pleine mine de blé à percevoir annuellement sur ledit moulin. Aalyde, épouse de Hugues, et Emengarde, épouse de Girard, approuvent lesdites ventes (Cart. du P.-D., L. 35 r°. Abb. du P.-D., par Berthault, p. 16 du Cart.).
On voit dans ces chartes que le moulin d'Arnould était chargé de redevances importantes et qu'il devait arriver un moment où son revenu ne pouvait y faire face.
Ainsi en 1574, ces redevances s'élevaient à 178 septiers de grains, dont 2/3 en blé et un tiers en orge, et il n'était affermé que pour 8 muids 3 septiers.
En 1733, ces redevances étaient encore augmentées de 3 septiers de grains en faveur du prieur de Coutevroult, mais, d'après les usages, quand le revenu de l'un des 5 moulins banaux du domaine ne suffisait pas, on assignait le paiement des redevances sur les autres.
Le 6 janvier 1770, il était affermé, par bail devant Lemaître, à la veuve Boivin, qui en avait fait le transport au sieur Desprez, moyennant des redevances en grains énoncées audit bail et en un acte du même jour par-devant le même notaire, ledit moulin avec ses dépendances, y compris les droits de banalité, questes et chasse y attribuées et qu'il devait conserver aux condition suivantes : Habiter et meubler ledit moulin, faire les menues réparations, souffrir les grosses.
En outre, " les preneurs étaient tenus de moudre gratuitement audit moulin, pour l'abbaye de P.-D., tout le blé qu'elle a droit d'y faire moudre pour sa consommation ; de souffrir la levée de la porte à bateaux toutes les fois qu'ils en seront requis sans prétendre à une indemnité ni diminution, soit pour réparation audit moulin, écluses, porte à bateaux pour l'avalage des bateaux et passage de bois en flottes et ce, pour autant de temps qu'il en sera besoin, quelques chômages qui puissent en résulter et dans le cas de grosses réparations nécessaires à leurs frais ".
Le loyer était : pour les terres et prés (11 arpents 34 perches) de 7 muids 6 septiers de grains de redevance annuelle par an et encore 3 chapons, 3 canards vifs et recevables plus 200 liv. tour. par an.
Le 2 juillet 1773, suivant bail Lemaître, notaire à Crécy, le moulin avec 11 arpents 34 perches de pré à 2 herbes, dit pré du Roi, était loué moyennant 1 518 liv. t. 75 s. par an (N° 66 L. Arch. Dép.).
Le 5 février 1782, suivant bail devant Belurgey, notaire à Crécy, le duc de Penthièvre le loue pour 9 ans à partir du 1er juillet 1782 à Augustin Bonneau, meunier dudit moulin, et à sa femme Marie-Jeanne Cuvilliers, avant veuve de Nicolas Desprez, moyennant les charges énoncées au bail du 6 janvier 1771.
Ils avaient en outre le droit de pêche dans la rivière, depuis le moulin Guillaume jusqu'au Moulin Lucet (Martigny) moyennant 9 liv. t. par an (E. 198. Arch. sép.).
Confisqué à la Révolution sur la veuve de Louis-Philippe-Joseph d'Orléans, dit Philippe-Egalité (Madame Louise-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre), il fut vendu le 24 nivôse an VII à Jean Louis Letacq, marchand de vins à Paris, moyennant 70 200 francs, en assignats certainement !
L'adjudicataire était chargé des grosses et menues réparations, même de la construction des écluses et porte à bateaux, et de se conformer dans ces travaux et construction à tout ce qu'exigera le service de navigation, et des autres moulins : de conserver la hauteur des vannes et chutes actuellement existantes, lesquelles ne pourrant être changées qu'avec la permission et l'administration centrale et suivant les repères et dimensions qui seront établis par ses agents ou commissaires et arrêtés par elle. (N° 66 L Arch. dép.).
Il devint ensuite la propriété des sieurs Pierre Gouget et son fils, Jean-Nicolas Châtelin, et Marie-Michelle-Adélaïde Gouget, à madame Blottière née Châtelin, enfin à madame veuve Labrunie, née Châtelin, qui le vendit le 28 avril 1852 aux époux Troublé. Aujourd'hui, il appartient encore aux descendants de la famille Troublé et est exploité par le meunier Hérouin (1907. NDW). Il est muni de 3 paires de meules et peut moudre 12 000 hectolitres de blé par an.
Situé sur la rive droite du Grand-Morin, le moulin du Saule, que par corruption on a appelé moulin de la Saulx, et aujourd'hui Lassault, a pris vraisemblablement son nom des saules qui existaient en grand nombre dans les prés voisins dudit moulin. Dans la langue romaine, le saule est nommé " Salix " ; d'un autre côté dans le langage vulgaire, cet arbre est désigné sous le nom de Saulx ; son véritable nom serait donc le moulin " du saule, molendium de Salice ", ainsi qu'il est d'ailleurs dénommé dans une charte du Cartulaire de l'abbaye du P.-D. de février 1237 (L. 100 R°), par laquelle Hugues de Châtillon et Marie sa femme, pour indemniser les religieuses, qu'ils ont fondées à Couilly, des revenus que celles-ci avaient sur leurs moulins, leur accordent 8 muids 1/2 de blé à percevoir sur le moulin du " Saule " et, en cas d'insuffisance, sur les autres moulins du même lieu. De plus ils confèrent auxdites religieuses, le droit de faire moudre gratuitement auxdits moulins, tout le blé nécessaire à l'abbaye. C'était une libéralité assez importante, si l'on considère le grand nombre de personnes réunies à l'abbaye.
A cette époque (1237) il venait d'être acquis pour les 3/4 avec un cens de 4 deniers, qu'un nommé Jean Lecuyer devait par an sur le 4e quart, par les généreux donateurs, Hugues de Châtillon et sa femme. L'arrentement par ces derniers pour ladite acquisition était consenti, moyennant 4 muids de grains qu'ils devaient fournir chaque année aux Templiers (Arch. nat. S. 500. Supplément, n°s 60-61).
Au commencement du XIIIe siècle, on désignait ce moulin et celui d'Orval (aujourd'hui Revault) sous le nom de Moulins de Montaigu, village voisin où les Templiers, auxquels ils appartenaient, avaient une maison de leur ordre.
Quand le moulin du Saule passa avec Crécy dans le domaine royal, le paiement de la redevance de 8 muids 1/2 de blé aux religieuses du Pont donna lieu à contestation entre celles-ci et les officiers royaux ; l'affaire fut portée devant la reine Isabelle (Isabeau de Bavière, femme de Charles VI), qui trancha le différend, le 27 mars 1400, par une missive adressée à ses officiers, qui se termine par une phrase : " Nous mandons et enjoignons expressément que en ceste matière les payez (les religieuses) d'ores en avant chacun an, de ladicte rente aux temps et de manière accoustumez, sans aucune difficulté ou contredit..." (Cart. du P.-D., 18 V°). C'était net, et les officiers royaux n'avaient plus qu'à s'exécuter. Cependant, ces difficultés se renouvelèrent encore au commencement du XVIe siècle, ainsi qu'il résulte d'une sentence royale d'octobre 1506, qui confirma le paiement de la redevance au profit des religieuses.
Pendant la guerre des Anglais, ce moulin fut ruiné et resté longtemps sans être rétabli. Naturellement, on n'y percevait aucune redevance, mais quand l'Anglais fut chassé du pays, ce moulin ou plutôt son emplacement fut donné à rente d'argent pour y construire un moulin à drap, moyennant 10 livres t. par an, à un nommé Laurent, mais il faut croire que les affaires ne marchaient pas, car les héritiers de sa veuve ne payaient pas cette redevance en 1574 (Comptes du roi. E. 1649. Arch. dép.).
Il fut ensuite transformé en moulin à tan, puis redevint par la suite moulin à blé.
Vers 1611, Georges Boucher " mollinier ", demeurant au moulin de la Saulx (paroisse de Couilly), figure comme censitaire au terrier de la seigneurie de Ségy (Commune de Quincy) (G.62, t. II, p. 17. Arch. dép.).
En 1892, c'était un moulin à blé appartenant à M. Bizier, qui l'exploitait. Il était muni de trois appareils à cylindres en acier et pouvait moudre annuellement 16 000 quintaux de blé.
Actuellement il ne fonctionne plus, le matériel ayant été enlevé (1907. NDW).
Moulin situé sur la rive droite du Morin ; il existait avant 1574 ; tombé en ruines, ses propriétaires négligèrent de le rétablir pendant une centaine d'années, puis on le reconstruisit sans autorisation et il fallut le supprimer.
Un nommé Gille (d'où son nom) le rétablit vers 1780 avec le consentement du duc de Penthièvre, seigneur de Crécy, à qui il était dû de ce chef un droit d'hotise de 5 sols, payable le jour Saint-Denis.
On l'appela ensuite le moulin Lucet ; il fut de nouveau démoli avant 1792 ; puis reconstruit il continua à moudre le grain. Mais en ces derniers temps il a cessé de fonctionner. Il appartient à M. Visseau (1907. NDW).
Faits-divers de COUILLY
Alexandre Farnèse, duc de Parme, qui avait été, dans les Pays-Bas, au service de Philippe II [2], roi d'Espagne, vint en France à l'appel de Mayenne pour soutenir la Ligue contre Henri IV [4]. Après avoir occupé un instant Paris, au nom de Charles X [10] (cardinal de Bourbon), il était reparti pour revenir avec 10.000 hommes et 3.000 chevaux. Le duc de Mayenne, alors à Laon, vint l'attendre à Meaux, ravageant en passant, Lizy-sur-Ourcq. Farnèse s'empara de La Ferté-sous-Jouarre (1er août 1590) où il fit pendre aux croisées du château le capitaine Gavaret qui avait trahi la Ligue pour Henri IV [4]. Il se rendit par le pont de Couilly à Meaux où il arriva le 22, escorté de 300 cavaliers et d'un grand nombre de seigneurs flamands et espagnols.
1680 — Seigneurie de La Chapelle et dépendances. — Rentes foncières et constituées, hypothéquées sur héritages situés en divers lieux ; aliénations, transports et rachats de ces rentes. — 22 juillet - 13 septembre 1680, grosse, en papier, d'une transaction avec ratifications, consentie entre Jean Foin, cordonnier, demeurant à Paris, faubourg Saint-Antoine, et Jeanne Le Clerc, sa femme ; « Lembert Le Clerc, maistre émailleur-patinostrier en esmaille, et Honoré Baudouin, maistre crispinier en or, argent et soye, et Denise Leclerc, sa femme, d'une part,» et Claude Content, meunier demeurant au moulin Talmé, à cause de Claude Habit, sa femme ; Jean Déligny, laboureur à Magny-Saint-Loup, époux de Marguerite Habit, et autres, héritiers de Pasquier Habit, vivant détenteur d'une maison et logis avec huit perches de jardin à arbres et herbes, le tout situé au lieu du Pont-aux-Dames, paroisse de Couilly, avec autres héritages spécifiés au contrat passé devant Berthault, notaire audit Couilly, le 8 décembre 1652, et chargés d'une rente de 116 sous 4 deniers, faisant l'objet de la transaction précitée ;
1760 — Seigneurie de La Chapelle et dépendances. — Procédures diverses. — 18 décembre 1760, sommation par les religieuses de l'abbaye de Pont-aux-Dames, à M. Ménage, d'avoir à exhiber le contrat d'acquisition, par lui faite de maître Jean-Elie Benoist, avocat en Parlement, de 3 arpents 58 perches de pré, situés au lieu dit les Prés de Marolle, en censive du fief de Sainte-Catherine, terroir du Pont-aux-Dames, mouvant desdites religieuses ;